GUITARE, en bref
La guitare est un instrument à cordes pincées, à la forme cintrée et au fond plat, muni d'un long manche et de six cordes simples en nylon (celles-ci étaient en boyau avant 1940). Ses différents variantes possèdent de nombreuses caractéristiques communes : une ouïe centrale, la rosace, et une tête dans le prolongement du manche, pourvue de six clefs intégrées (ces mécaniques ont remplacé les chevilles perpendiculaires situées autrefois à l'arrière de la tête).
La guitare est écrite une octave au-dessus du son réel pour faciliter la lecture et éviter les changement de clefs.
Histoire
Les origines de l'instrument, qui apparaît en Espagne, sont controversées : il peut s'agir d'un luth de Mésopotamie apporté dans ce pays par les Maures, ou d'une cithare romaine, diffusée avant l'occupation arabe dans la péninsule Ibérique, à laquelle on aurait ajouté un manche.
Au Moyen Âge, les manuscrits Cantigas de Santa María rédigés en Castille à la fin du xiiie siècle attestent de l'existence de deux types d'instruments : avec sa caisse bombée et ses cordes doubles, la guitare mauresque (encore appelée guitare sarrasine ou « maurache ») fait penser à un luth à manche long (proche du bouzouki grec ou du saz turc) ; l'autre forme, la guitare latine, aux cordes en boyau et au fond plat, est plus proche de la guitare moderne. Les troubadours nomades contribuent à la large diffusion d'instruments apparentés à la guitare, comme la citole (qui donnera naissance au cistre au xve siècle), très représentée parce qu'elle accompagnait sans doute les danses.
À la Renaissance, la guitare latine se transforme en « vihuela », terme générique qui désigne une large famille de petits instruments espagnols à quatre cordes doubles. Pendant ce temps, le reste de l'Europe se passionne pour le luth. Le luth, la vihuela et la petite guitare renaissance à l'ambitus restreint sont utilisés pour un répertoire commun. Pendant la période baroque, l'instrument possède cinq cordes (chœurs), dont une chanterelle (corde aiguë) simple ou encore double. Les amateurs, les courtisans et les princes l'adoptent. Les « battements » d'accompagnement (cf. Modes de jeu) sont préférés au jeu aux doigts, plus difficile à maîtriser.
Louis XIV pratique la guitare avec Robert de Visée, Lully en joue également. Des recueils, souvent des suites de danses, sont créés par des virtuoses. En Espagne, Gaspar Sanz et Santiago de Murcia sont des compositeurs reconnus. Les cordes doubles étant tombées en désuétude, une sixième corde est ajoutée au xviiie siècle, sans doute par des luthiers italiens.
Au xixe siècle, la guitare romantique se rapproche de celle que nous connaissons. Elle adopte un répertoire qui puise dans les formes classiques (sonate, par exemple) et possède six cordes simples ; sa caisse de résonance, encore étroite, fait entendre une sonorité douce qui séduit des compositeurs virtuoses comme Nicolò Paganini. Berlioz lui aussi pratique assidûment la guitare.
Vers 1850, un luthier espagnol, Antonio de Torres Jurado, apporte des améliorations déterminantes : barrage (lattes collées derrière la table pour renforcer celle-ci) mieux conçu, dimensions plus importantes. C'est au même moment que le flamenco sort de l'ombre avec les Cafés cantantes d'Andalousie.
Francisco Tárrega (1852-1909) rationalise la technique de l'instrument et transcrit des pièces classiques. Andrés Segovia (1893-1987) contribue ensuite à l'éclosion d'un large répertoire en commandant des œuvres à Villa-Lobos, Roussel ou Milhaud.
Simple d'accès, peu encombrante, abordable financièrement, à l'aise dans de nombreux répertoires – de l'accompagnement de chansons à des pièces de musique savantes –, la guitare classique a engendré divers instruments de facture proche à partir du début du [...]
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Écrit par
- Eugène LLEDO : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore
Classification
Médias