GUITARE
Guitares et guitaristes
La guitare noble eut son apôtre en Francisco Tárrega, né en 1852 à Castellón de la Plana, près de Valence. Sa vie fut celle d'un grand mystique, une vie de passion pour son art, dépourvue d'ambitions étrangères à son idéal. Après des études de piano et d'harmonie au conservatoire de musique de Madrid, Tárrega se consacre à la guitare dont il rationalise la technique instrumentale. Fasciné par la musique de Bach, de Mozart et de Beethoven, il réalisa la transcription pour guitare d'un certain nombre de pièces classiques, en même temps qu'il enrichissait le répertoire de compositions originales.
Deux ardents disciples de Tárrega, Miguel Llobet et Emilio Pujol, contribuèrent à répandre dans divers pays le goût de la guitare classique.
Si Tárrega rendit à la guitare ses lettres de noblesse, la valeur exceptionnelle d' Andrés Segovia (1893-1987) fut à leur mesure. On doit à cet interprète hors pair d'avoir conféré à la guitare un prestige égal à celui des grands instruments solistes comme le piano, le violon et le violoncelle. Il a introduit la guitare dans les salles de concert du monde entier, attiré les publics d'élite, poussé à la création de classes de guitare dans divers conservatoires de musique.
« Il est presque impossible d'écrire pour la guitare sans en jouer soi-même », affirmait Berlioz. L'influence capitale d'Andrés Segovia dans le monde de la musique sera d'avoir été le premier guitariste à obtenir de compositeurs non guitaristes – en se mettant lui-même à leur disposition, en acceptant d'être leur « cicerone » comme il le dit plaisamment lui-même – qu'ils écrivent des œuvres originales pour son instrument. Le premier fut le Madrilène Federico Moreno Torroba (1891-1982), puis suivirent les Français Albert Roussel, Alexandre Tansman, le Mexicain Manuel M. Ponce, le Catalan Joan Manén, l'Italo-Américain Mario Castelnuovo-Tedesco, le Suisse Hans Haug, les Espagnols Oscar Esplá, Carlos Pedrell, Federico Mompóu, Joaquín Rodrigo... « Longtemps, dit Segovia, les guitaristes ont cru que la guitare était un jardin dont ils avaient la clef en exclusivité. Je crois, moi aussi, que c'est un jardin, et très beau, mais dont on doit laisser la porte ouverte aux compositeurs contemporains. »
Derrière ce chef de file brillent des solistes de premier plan, parmi lesquels il convient de citer le Vénézuélien Alirio Díaz, les Britanniques Julian Bream et John Williams, la Française Ida Presti, prématurément disparue. Parmi les compositeurs, on trouve enfin des musiciens qui n'écrivent plus spécialement pour la guitare d'Andrés Segovia mais pour l'instrument lui-même. En outre, la multiplicité des compétitions internationales de renom consacrées aux guitaristes classiques atteste la vigueur de la guitare dans le monde entier et en augure la permanence dans celui de la musique. Ramón Montoya, à la légendaire réputation, des guitaristes flamencos comme Sabicas, Niño Ricardo et surtout le « révolutionnaire » Paco de Lucía ont contribué à en renforcer la vogue universelle.
En Amérique du Sud, du Mexique à la Terre de Feu, la popularité de la guitare croît de jour en jour. En Russie, la guitare populaire adopte, au xixe siècle, non seulement les cordes en acier, mais également une septième corde ; la guitare classique y semble actuellement reprendre droit de cité.
En fait, longtemps « montée » de cordes de boyau depuis ses origines, la guitare a été dotée, dès 1940, de cordes de nylon qui présentent l'avantage d'être à la fois moins fragiles, d'une précision cylindrique plus grande, d'une sonorité plus puissante et d'une plus longue durée d'émission sonore. Cependant, il est bon de souligner que les cordes de nylon n'ont pas totalement supplanté celles d'acier. Les guitares à cordes métalliques – en acier pur pour[...]
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Écrit par
- Robert Jean VIDAL : producteur délégué de Radio-France, fondateur du concours international de guitare, directeur artistique des Rencontres internationales de la guitare à Castres
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Autres références
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GUITARE, en bref
- Écrit par Eugène LLEDO
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BADEN POWELL (1937-2000)
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