GUITTONE D'AREZZO (1230?-1294)
En le critiquant, Dante a paradoxalement reconnu l'importance de cet auteur, parfois considéré comme un poète de transition, qui fait le lien entre la poésie lyrique provençale ou sicilienne, de type aristocratique, et les milieux bourgeois des villes du Moyen Âge. C'est, en effet, un homme engagé : lié à la vie de sa commune, il s'exile volontairement pour raisons politiques ; mais, vers trente-cinq ans, il entre dans l'ordre des frati gaudenti (congrégation religieuse des chevaliers de Marie). Les œuvres de son canzoniere (250 sonnets et 50 canzoni) reflètent cette évolution. Il commence par écrire des poésies amoureuses, sur le modèle des Provençaux, Siciliens, Français ou Latins. Il utilise des thèmes rebattus qu'il renouvelle par sa vigueur et son âpreté. Cette violence se retrouve dans ses poésies les plus originales : ses rimes politiques. Guittone dépasse le principe selon lequel l'amour est le seul argument digne d'être chanté. Il écrit sa plus célèbre canzone, Ahi lasso or è stagion de doler tanto, à l'occasion de la défaite guelfe de Montaperti ; il y exprime la perte des valeurs de la commune : honneur, liberté, « patrie ». Il se réfère donc à une situation concrète, historique ; l'avènement des signorie est proche. Par contre, quand il est dans les ordres, ses thèmes concernent surtout la vie religieuse : non plus l'amour terrestre, mais l'amour divin. Pédagogue, moraliste, il cherche à convaincre grâce aux divers procédés de la rhétorique : il varie l'exposition, « amplifie » pour rendre ses procédés efficaces. Il utilise des formes d'expression et un vocabulaire populaires, mais tend de plus en plus à parfaire son écriture ; c'est à cette époque qu'il écrit des lettres, exercices stylistiques en langue italienne vulgaire, imitant les exemples de l'ars dictandi.
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Écrit par
- Claude MINOT : professeur agrégé
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Autres références
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BONAGIUNTA DE LUCQUES BONAGIUNTA ORBICCIANI dit (1215 env.-env. 1296)
- Écrit par Claudette PERRUS
- 278 mots
Le nom du poète lucquois Bonagiunta Orbicciani figure dans des actes officiels datés de 1242, de 1250 (il y est désigné comme « juge et notaire ») et de 1296. Il est déjà mort en 1300, date fictive que Dante assigne à son voyage d'outre-tombe (La Divine Comédie) au cours duquel il...