BRUS GÜNTER (1938-2024)
Né le 27 septembre 1938 à Ardning , l’artiste autrichien Günter Brus fut à la fois peintre, graphiste et essayiste. Au début des années 1960, il fut un des tenants majeurs de ce que l’on allait appeler bientôt le body art. En tant que membre fondateur de l’actionnisme viennois (avec Adolf Frohner, Otto Muehl, Herman Nitsch, Alfons Schilling et Rudolf Schwarzkogler), Brus considérait le corps comme un moyen artistique à travers lequel une expérience pouvait être tirée de la souffrance de l’artiste ou de l’individu dans la société autrichienne contemporaine étouffante de l’après Seconde Guerre mondiale, qui se réfugiait dans la nostalgie tout en refoulant son récent passé.
L’usage du corps
Günter Brus sort diplômé de l’école des Arts décoratifs de Graz puis de l’école des Arts appliqués de Vienne en 1960. L’été de la même année, inspiré par les expériences de l’Action painting et particulièrement de Jackson Pollock, il peint sur des papiers d’emballage à l’aide de pinceaux dont les coups reflètent les mouvements du corps de l’artiste. Il cherche ainsi à rendre visible le processus physique et psychique du temps de l’action. Le corps de Brus devient simultanément le sujet qui peint, l’ustensile et l’objet peint.
L’action Promenade à Vienne (5 juillet 1965) illustre cette quête. Vêtu d’un costume de ville, entièrement recouvert de peinture blanche et traversé par une ligne noire qui descend du crâne à un orteil, Brus parcourt à pied le centre-ville de Vienne. Le geste du peintre se transforme en action corporelle et devient action publique. La peinture appliquée sur le corps conteste les conventions esthétiques. L’action dans la ville met à mal les normes sociales et questionne la place de l’art dans la société.
Cette Promenade se termine au moment où Brus se fait verbaliser par un officier de police pour trouble à l’ordre public. Cette interpellation est calculée par l’artiste et fait partie de l’action, révélant le côté répressif de la société et de l’État. Si Brus élargit son atelier d’artiste à la ville, c’est parce qu’il considère l’espace public comme un moyen d’effectuer son intervention subversive.
Pour Günter Brus, l’art possède un effet cathartique lorsqu’il crée de la confusion auprès du public. Dans le cadre de ses actions Selbstbemalung(Autopeinture, décembre 1964) et Selbstverstümmelung (Automutilation, printemps 1965), il met en place un vocabulaire violent. Une série de photographies en noir et blanc prises par Ludwig Hoffenreich et le film de Kurt Kren montrent l’artiste vêtu d’un costume recouvert de peinture blanche : l’action est concentrée sur sa main et sa tête, sur lesquelles il pose clous, lame de rasoir, couteau de cuisine, tire-bouchon, tournevis et pinces. Avec une telle mise en scène du corps, Brus conduit le spectateur à imaginer un véritable supplice.
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Écrit par
- Matthias SCHÄFER : docteur en histoire de l'art, enseignant
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Autres références
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ACTIONNISME VIENNOIS
- Écrit par Matthias SCHÄFER
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Dès 1960, Günter Brus et Alfons Schilling abandonnent toute forme d'académisme dans leur art pour se consacrer à la « peinture d'action ». Ils posent la toile ou le papier sur le sol ou sur des murs et y appliquent, en plus de la peinture, des substances et objets divers qu'ils collent, cousent ou nouent.... -
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