WAND GÜNTER (1912-2002)
Avec Kurt Sanderling, Günter Wand était le dernier représentant d'une génération de chefs d'orchestre allemands formés dans l'héritage direct de Wagner, Bruckner et Mahler. En France, il a régulièrement dirigé la Société des concerts du Conservatoire et l'Orchestre des Concerts Lamoureux dans les années 1950. Par la suite, son horreur des voyages l'a tenu à l'écart de la gloire internationale et le grand public ne l'a vraiment découvert qu'à la fin des années 1980, lorsque son abondante discographie a été régulièrement distribuée hors d'Allemagne.
Günter Wand naît à Elberfeld, près de Wuppertal, le 7 janvier 1912. Au Conservatoire et à la Hochschule für Musik de Cologne, il travaille le piano avec Paul Baumgartner et la composition avec Philipp Jarnach. Puis il étudie la direction d'orchestre avec Franz von Hoesslin à l'Académie de musique de Munich. Après avoir été répétiteur et chef d'orchestre à Wuppertal et à Allenstein, il est nommé premier chef d'orchestre à Detmold. Il est ensuite chef d'orchestre à l'Opéra de Cologne (1939-1944). Lorsque celui-ci s'effondre sous les bombes, il part pour Salzbourg, où il dirige l'Orchestre du Mozarteum (1944-1945). Après la guerre, il revient aussitôt à Cologne et entreprend d'en rebâtir la vie musicale. Il est l'un des premiers chefs d'orchestre allemands invité à diriger en U.R.S.S. Nommé en 1946 directeur général de la musique de la Ville de Cologne, il hisse l'Orchestre du Gürzenich au niveau des meilleurs orchestres allemands. Il est également professeur de direction d'orchestre à la Hochschule für Musik de Cologne à partir de 1948. Il est invité à diriger dans toute l'Europe et au Japon, où il devient un personnage de légende. À cette époque de sa carrière, il programme régulièrement des œuvres de compositeurs allemands contemporains (Hindemith, Fortner, Zimmermann, Reutter) mais aussi Koechlin, Varèse, Messiaen, Ligeti ou Frank Martin. Il est l'un des premiers à revenir au texte original des symphonies de Beethoven, à une époque où les traditions fixées par Mahler, Mengelberg et quelques autres faisaient encore autorité. Malgré un contrat de chef à vie à Cologne, il décide de se retirer en 1974, probablement pour éviter de tomber dans la routine, et devient premier chef invité de l'Orchestre symphonique de Berne puis premier chef de l'Orchestre symphonique du N.D.R. de Hambourg (1982-1991), dont il est ensuite chef honoraire. Sa renommée ne cesse de s'affirmer dans un répertoire qui se recentre sur la musique romantique austro-allemande : Bruckner, dont il est considéré comme l'un des meilleurs spécialistes, Beethoven, Schubert, Schumann et Brahms. Il dirige régulièrement l'Orchestre symphonique de la B.B.C. à Londres, triomphe aux Proms, puis devient chef invité de l'Orchestre radio-symphonique de Berlin (1989-1990). En 1989, il fait des débuts américains à la tête de l'Orchestre symphonique de Chicago. Au cours des dernières années de sa vie, il retourne régulièrement au Japon et noue des liens étroits avec l'Orchestre philharmonique de Berlin, qui donnent lieu à une série d'enregistrements prestigieux. Il dirige ses derniers concerts à Francfort en novembre 2001 et meurt à Ulmiz, en Suisse, le 14 février 2002.
Ce chef de grande stature était d'une nature discrète ; il n'aimait pas la publicité. Intransigeant dans son travail, remettant sans cesse sur le métier des partitions dans lesquelles il avait toujours quelque chose à découvrir, il exigeait beaucoup des musiciens, allant parfois jusqu'à des vexations ou des maladresses que seul son talent faisait oublier. La musique de Bruckner était sa bible, mais il n'y est venu que progressivement : ainsi, il n'a abordé la Cinquième[...]
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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