GUO XI[KOUO HI](1020 env.-env. 1100)
Après la phase contemplative et statique du paysage classique du xe siècle, la peinture de Guo Xi amorce une conception dynamique et active de la composition picturale, dont la construction apparaît au spectateur non plus comme un équilibre immobile, mais comme un devenir en expansion illimitée. Le recours à des procédés que l'on pourrait presque qualifier d'illusionnistes, l'ivresse de la forme qui tend à se nourrir d'elle-même et à proliférer selon sa logique propre (encore que chez Guo Xi le point de départ fourni par l'observation réaliste de la nature ne soit jamais perdu de vue), tout cela tend à ramener la peinture dans la ligne d'un certain professionnalisme et annonce en un sens le formalisme virtuose de l'Académie.
L'âge d'or du paysage chinois
Guo Xi est né au Henan vers 1020. Toute la première partie de sa carrière nous est inconnue. Devenu peintre officiel de la cour, il jouit des faveurs de l'empereur Shenzong (1068-1085). Ce dernier appréciait tout particulièrement son art, au point qu'il fit aménager en son palais une salle spécialement destinée à abriter ses œuvres. Le peintre fut finalement élevé à la dignité de hanlin. À la mort de Shenzong sa gloire connut une soudaine éclipse : Zhezong, qui accéda au trône en 1086, fit dépendre les Guo Xi du palais pour les remplacer par des œuvres antiques, et les archives de la cour deviennent désormais muettes sur l'artiste. Au début du xiie siècle, un haut fonctionnaire découvrit que les domestiques du palais se servaient de ces peintures de Guo Xi comme torchons à poussière ! On ignore quand Guo Xi est mort ; la date de 1090, généralement retenue, pourrait, si l'on en croit certains travaux, être reculée jusqu'en 1100.
L'œuvre de Guo Xi qui illustre l'âge d'or du paysage chinois – et marque un tournant dans cet art – n'est plus représentée aujourd'hui que par une vingtaine de peintures, pour la plupart d'attribution douteuse, et par un chef-d'œuvre dont l'authenticité est certaine : Printemps précoce (daté de 1072, musée de l'Ancien Palais, Taiwan). Les catalogues anciens ont par ailleurs conservé mention d'une centaine de titres de paysages, maintenant disparus.
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Écrit par
- Pierre RYCKMANS
:
reader , Department of Chinese, Australian National University
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Autres références
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CHINOISE CIVILISATION - Les arts
- Écrit par Corinne DEBAINE-FRANCFORT , Daisy LION-GOLDSCHMIDT , Michel NURIDSANY , Madeleine PAUL-DAVID , Michèle PIRAZZOLI-t'SERSTEVENS , Pierre RYCKMANS et Alain THOTE
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