KLIMT GUSTAV (1862-1918)
L'âge d'or
Le tableau Les Poissons rouges (1902, Musée de Soleure, Suisse), intitulé tout d'abord À mes détracteurs, où une femme exhibe un postérieur rebondi en lançant au spectateur un regard narquois, marque le passage de l'inspiration symboliste aux tableaux sur fond d'or, période au cours de laquelle Klimt peignit ses œuvres les plus célèbres, portraits ou allégories. L'artiste renonce alors à la provocation pour élaborer un style personnel où l'ornement rapporté n'est pas simplement décoratif mais fait partie intégrante du sujet. L'emploi de la feuille d'or contraste, par sa densité et son opacité, avec le traitement réaliste du visage, des épaules et des mains. L'ornement sophistiqué conjugue différents motifs empruntés aux arts byzantin, gothique, égyptien et celtique. Élément autonome et abstrait, il participe à la dynamique de la composition. Propre à Klimt, cette interaction de la figure et du fond, cette juxtaposition ou recouvrement du sujet par le décor, est à la source de la fascination qu'exerce sa peinture. Ainsi, dans les célèbres portraits en pied de FrietzaRiedler (1906, musée du Belvédère, Vienne) et de Adèle Bloch-Bauer (1907, Neue Galerie, New York), l'ornement brise le caractère hiératique et convenu du genre, introduit une ambiguïté de la vision et renvoie, sur le mode subliminal, à une peinture de Vélasquez et à la sculpture antique égyptienne.
Dans Le Baiser, (1907-1908, musée du Belvédère, Vienne), l'étreinte charnelle revêt le caractère sacré d'une icône byzantine sur fond d'or. L'ornement abstrait confond les corps en les dématérialisant, tandis que le parterre floral stylisé rappelle la représentation du paradis dans l'imagerie gothique.
Klimt reprendra ce thème L'Accomplissement sous une forme plus linéaire, pour la frise, exécutée en céramique, du palais Stoclet à Bruxelles (1909-1910). Cette « œuvre d'art totale », joyau de l'Art nouveau, conçu en collaboration avec l'architecte et décorateur Josef Hoffmann, clôt le « cycle d'or » de l'artiste.
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Écrit par
- Yves KOBRY : critique d'art, historien d'art
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Médias
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