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LEONHARDT GUSTAV (1928-2012)

Claveciniste, organiste, chef d'orchestre et musicologue, le Néerlandais Gustav Leonhardt a joué – aux côtés notamment des frères Wieland, Sigiswald et Barthold Kuijken, de Nikolaus Harnoncourt et de Philippe Herreweghe – un rôle prépondérant dans le renouveau de la musique ancienne. À la différence de Nikolaus Harnoncourt (son cadet de quelque dix-huit mois), il déteste commenter son art, affirmant : « Je suis devenu musicien pour ne pas parler. En jouant, j'exprime tout ce que je peux. Si cela ne suffit pas, les mots ne peuvent rien. Si cela suffit, ils ne servent à rien non plus. »

Les années d'apprentissage

Gustav Maria Leonhardt naît le 30 mai 1928 à 's-Graveland, près de Hilversum, aux Pays-Bas, dans une famille très musicienne. Il commence l'étude du piano, qu'il abandonne très vite pour se consacrer au clavecin – qu'il découvre dès l'âge de dix ans, grâce à ses parents, qui font de la musique de chambre en famille – et à l'orgue, deux instruments qu'il travaille avec Eduard Müller à la Schola Cantorum Basiliensis de 1947 à 1950. Ce maître incontesté – un des pionniers, avec August Wenzinger, de l'enseignement de l'interprétation de la musique ancienne – lui inculque notamment la manière de registrer de façon rigoureuse, à une époque où celle-ci ne s'apprenait pas : la plupart des organistes avaient en effet pris la mauvaise habitude de faire des registrations approximatives et selon leurs goûts personnels ; leurs choix ne relevaient pas d'une analyse approfondie de l'œuvre, et il n'existait pas véritablement de règles dans la manière de sélectionner un registre plutôt qu'un autre en fonction du compositeur, de l'époque ou du style d'écriture harmonique ou contrapuntique.

Sur les conseils de son père, Gustav Leonhardt part en 1950 s'installer à Vienne, afin d'y suivre l'enseignement du chef d'orchestre Hans Swarowsky (également mentor de Claudio Abbado, de Zubin Mehta et d'Ivan Fischer). Il ne prendra cependant que quelques cours, car il pense que « la direction ne s'apprend pas. Que voulez-vous enseigner ? Levez votre bras ici. Ou penchez-vous un peu. Cela n'a aucun sens ». Pour lui, bien interpréter ou bien diriger une musique exige avant tout de bien la comprendre. Il passe donc beaucoup de temps dans les bibliothèques, où il lit et analyse des partitions. Cette même année 1950 voit les célébrations du bicentenaire de la mort de Jean-Sébastien Bach ; à cette occasion, il donne ses premiers concerts, à Vienne, en interprétant notamment au clavecin L'Art de la fugue du Cantor de Leipzig.

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Écrit par

  • : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)

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