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LEONHARDT GUSTAV (1928-2012)

Le chambriste et le chef d'orchestre

Gustav Leonhardt se produit en trio avec le violoncelliste Anner Bylsma et le flûtiste Frans Brüggen ; ensemble, ils formeront en 1962, avec le violoniste Jaap Schröder, le Quadro Amsterdam. Il est également un remarquable chambriste : en 1955, il fonde le Leonhardt Consort, et c'est à cette époque qu'il commence à diriger des chœurs et des ensembles instrumentaux baroques. En tant que chef d'orchestre, il a enregistré avec son ami et confrère Nikolaus Harnoncourt – les deux chefs se partageant la direction de leurs ensemble, le Concentus Musicus et le Leonhardt Consort – l'intégrale des quelque deux cents cantates sacrées de Jean-Sébastien Bach, entreprise qui les tiendra en haleine de 1971 à 1989. Tous deux seront lauréats, en 1980, du prestigieux prix Erasmus, qui récompense des personnes ou des institutions ayant apporté une contribution exceptionnelle à la culture en Europe.

En 1967, les réalisateurs Danièle Huillet et Jean-Marie Straub le sollicitent pour incarner Jean-Sébastien Bach dans le film biographique Chronique d'Anna-Magdalena Bach (1968). Il retrouve à cette occasion Nikolaus Harnoncourt, qui incarne le prince Leopold d'Anhalt-Köthen, ainsi que Bob van Asperen dans le rôle de Johann Elias Bach, neveu du Cantor.

En 1972, il est un des cofondateurs, avec Sigiswald Kuijken, de l'ensemble baroque La Petite Bande. Gustav Leonhardt succombera à la tentation de l'opéra : il enregistre notamment Il Combattimento di Tancredi e Clorinda de Claudio Monteverdi (avec le Leonhardt Consort et Max van Egmond, 1969), Zaïs (avec La Petite Bande et le Collegium Vocale de Gand, 1977) et Pigmalion (avec La Petite Bande, 1980) de Jean-Philippe Rameau, ainsi que Le Jugement de Midas de André-Ernest-Modeste Grétry (avec La Petite Bande, 1980). Mais l'échec, en 1985, du Couronnement de Poppée mis en scène par Jean-Marie Villégier à Nancy l'éloigne à jamais des planches.

Gustav Leonhardt donne son dernier récital à Paris en décembre 2010. Il meurt le 16 janvier 2012.

Le claveciniste Benjamin Alard a parfaitement résumé la personnalité de Leonhardt en disant « que cet homme était un outil de la musique, au même titre que la partition et que l'instrument. Quelque chose passe par ce corps, qui bouge si peu mais qui est si mobile. Très simple, sans parasite. L'essence. »

— Juliette GARRIGUES

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Écrit par

  • : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)

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