LEFRANÇOIS GUSTAVE (1826-1901)
Sorti deuxième de l'école normale d'instituteurs de Versailles, Gustave Lefrançois ne peut, en raison de ses idées révolutionnaires, exercer son métier. Aussi devient-il commis aux écritures. À la révolution de 1848, il fonde l'Association des instituteurs socialistes. Son programme d'éducation, qu'il publie, le fait arrêter et condamner en juin 1848. En mars 1851, il est révoqué et frappé de l'interdiction d'enseigner. Proscrit du 2-Décembre, il revient à Paris en 1853. Il fait divers métiers, milite dans l'opposition et devient un des orateurs les plus populaires des réunions politiques parisiennes. Commentant la vie et les ouvrages de Proudhon, il se réclame alors constamment de lui et préconise un collectivisme libéral avancé et un fédéralisme communaliste. Il devient un membre influent de l'Internationale parisienne. À la chute du second Empire, il est membre du Comité central des vingt arrondissements. Arrêté après l'insurrection du 31 octobre, où il joue un rôle prédominant, il est détenu à Mazas, mais il est libéré le 24 février. Le 26 mars, il est élu par un vote massif à la Commune. Il appartient d'abord à la commission exécutive puis à la commission du Travail et de l'Échange, enfin à la commission des Finances. Il vote contre le Comité de salut public, et signe le « manifeste de la minorité ». Durant la Semaine sanglante, il combat sur les barricades de la Bastille. À la chute de la Commune, condamné à mort par contumace, il se réfugie à Genève et adhère à la section jurassienne de l'Internationale que Bakounine crée. En 1871, il publie à Neuchâtel une Étude sur le mouvement communaliste à Paris en 1871, qui est considérée comme l'un des témoignages les plus importants sur la Commune. Tout cet ouvrage est placé sous le patronage de Proudhon et de son « principe fédératif » : « Nul plus que Proudhon n'a démontré plus clairement que l'action gouvernementale centralisatrice était la négation du droit politique, de toute justice et de toute économie. » Il y dégage très clairement la spécificité du « mouvement communaliste » comme régime autogestionnaire. Il publiera aussi des Souvenirs d'un révolutionnaire, et en 1896, à Paris, La Commune et la Révolution.
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Écrit par
- Jean BANCAL : docteur ès lettres, ès sciences économiques, docteur en droit, professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne, directeur du Centre d'études et de recherches pour le développement intégré
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