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MOREAU GUSTAVE (1826-1898)

L'histoire de l'art n'a longtemps reconnu à Gustave Moreau que le mérite d'avoir été le professeur de Rouault, de Matisse, de Marquet. Quant au peintre, une boutade de Degas tenait lieu de jugement : « Il met des chaînes de montre aux dieux de l'Olympe. » Seuls des surréalistes comme André Breton ou Salvador Dalí, fascinés par ses évocations troublantes, fréquentaient au cœur du quartier de la Nouvelle Athènes, à Paris, « son musée immense et vide, aux cadres trop dorés et trop datés, qui prolonge par-delà sa mort l'exil où il se voulut claustré, comme l'Enchanteur enchanté dans son tombeau de Brocéliande » (André Breton).

Depuis 1960, on a redécouvert la peinture de Gustave Moreau et les audaces coloristes qu'elle contenait, à la lumière des expériences récentes de l'art contemporain. Ce faisant, il s'est produit comme une transmutation de l'œuvre, maintenant appréciée pour de tout autres raisons qu'à l'époque où elle vit le jour.

Un jeune peintre romantique

Fils d'un architecte de la Ville de Paris, Gustave Moreau, voué à la peinture dès son plus jeune âge et encouragé par ses parents, entra à l'École royale des beaux-arts en 1846, dans l'atelier du peintre académique François Picot. Il quitta l'École en 1849, après un échec au concours pour le grand prix de Rome de peinture.

S'il reçut une formation toute classique, Moreau fut en même temps attiré par Eugène Delacroix et surtout par Théodore Chassériau, élève préféré d'Ingres passé au romantisme, dont il fréquenta assidûment l'atelier à partir de 1850. Son premier envoi au Salon, en 1852, fut une Pietà qui s'inspire très visiblement du style de Chassériau. Les œuvres suivantes, Le Cantique des Cantiques (1853, musée de Dijon), Athéniens livrés au Minotaure (1855, musée de Bourg-en-Bresse) et maintes compositions tirées de Shakespeare ou représentant des cavaliers portent la marque des maîtres de l'école romantique.

Peu après la mort de Chassériau, en 1856, il alla en Italie parfaire son éducation artistique, s'arrêtant successivement, au cours d'un séjour de deux ans (1857-1859), à Rome, à Sienne, à Florence, à Milan, à Venise, à Naples, à Pompéi.

Il en rapporta plusieurs centaines de copies faites d'après les grands maîtres de la Renaissance, avec une prédilection pour les Vénitiens, comme Carpaccio ou Titien, et les artistes du Quattrocento. De cette époque datent également des pastels et des aquarelles (musée Gustave-Moreau) représentant des vues de la campagne romaine au crépuscule qui font irrésistiblement penser à Corot.

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Écrit par

  • : docteur en droit, licencié ès lettres, P.E.S. d'histoire, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, membre de la Société de l'histoire de l'art français

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Médias

Orphée, G. Moreau - crédits : G. Dagli orti/ De Agostini/ Getty Images

Orphée, G. Moreau

Sappho, G. Moreau - crédits : De Agostini

Sappho, G. Moreau

<it>Dalila</it>, G. Moreau - crédits : AKG-images

Dalila, G. Moreau

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