GUTENBERG JOHANNES GENSFLEISCH dit (entre 1394 et 1400-1468)
Johannes Gensfleisch – dit Gutenberg du nom d'une maison que sa famille possédait, Zuguten Bergen, à la Bonne-Montagne – est né à Mayence. Son père, un patricien, était sans doute négociant en draps. On ne sait rien de sa jeunesse. Il lui fallut en tout cas quitter sa ville natale en 1428 à la suite d'une révolte des corporations. On le retrouve à Strasbourg en 1434.
En 1436, il passe un contrat avec un bourgeois de la ville, Andreas Dritzehn, et s'engage à lui livrer une sorte de tour perfectionné susceptible de polir les pierres précieuses. Il conclut également avec Dritzehn et deux autres bourgeois de la ville un autre contrat destiné à leur livrer un procédé permettant de fabriquer en série de petits miroirs, à partir d'un alliage de plomb, d'étain et de cuivre auquel on ajoutait sans doute de l'antimoine. Ces miroirs étaient destinés à capter l'image de reliques qu'on montrait au peuple à partir d'un balcon de la cathédrale lors d'un pèlerinage.
Gutenberg apparaît ainsi comme un ingénieur très averti des progrès récemment réalisés dans l'art du métal. Mais, en fait, il a un autre projet en tête : il donne dès 1436 à un orfèvre originaire de Francfort la somme importante de 100 florins en échange de « choses appartenant à l'imprimerie ». Il travaille d'abord seul, dans le secret, mais ses associés exigent d'être parties prenantes dans ses autres « arts et entreprises ». Bientôt, cependant, à la suite de la mort d'Andreas Dritzehn et des querelles opposant les frères et héritiers de celui-ci, Gutenberg dénonce son contrat. Un procès s'ensuit.
Désormais, Gutenberg se montre soucieux de préserver les secrets de ses recherches. Il recommande à Claus Dritzehn, le frère d'Andreas, en qui il n'a guère confiance, de ne montrer à personne la presse qui se trouve installée chez lui. Malade, il demande à un serviteur dont il est sûr d'ouvrir cette presse au moyen de deux vis et de séparer une série de pièces qui se trouvent à l'intérieur, afin que personne ne puisse comprendre de quoi il s'agit. Les indications pour le moins sibyllines qui nous sont restées ne nous permettent pas de comprendre le fonctionnement de cette presse. Pourtant, si l'on ajoute qu'un autre frère de Dritzehn, Jörge, reçut de la succession de son frère des livres « grands et petits », on est en droit de penser que Gutenberg travaillait à l'impression de livres à partir de techniques métallographiques.
Les bailleurs de fonds de notre inventeur n'étaient pas spécialement riches. Mais ils étaient soutenus par le très fortuné banquier Friedel von Seckingen. Les recherches menées pour mettre au point l'imprimerie dotée de caractères mobiles en alliage métallique semblent donc s'engager dans une atmosphère qu'on qualifierait aujourd'hui de précapitaliste.
Gutenberg disparaît des documents en 1444. On retrouve sa trace en 1448. De retour à Mayence, il contracte un important emprunt afin de se constituer un matériel d'imprimerie. Après quoi intervient un riche bourgeois de la ville, Johann Fust, un banquier lié, semble-t-il, au commerce nurembergeois. En 1450, il prête à notre inventeur des sommes très importantes pour qu'il mène à bien un travail comportant des dépenses en matière de parchemin, de papier et d'encre. L'inventeur était manifestement parvenu à la phase des réalisations et tous les spécialistes s'accordent à estimer que l'ouvrage qu'il avait mis en chantier était la célèbre Bible à 42 lignes, un in-folio dont chaque page comprenait 2 colonnes de 42 lignes. Cet ouvrage fut un peu conçu comme le manifeste de la nouvelle technique. On est frappé par la beauté de sa typographie, la régularité de son impression et la qualité de l'encre utilisée. Il s'agit là[...]
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Écrit par
- Henri-Jean MARTIN : professeur émérite à l'École nationale des chartes, directeur d'études à la IVe section de l'École pratique des hautes études
Classification
Médias
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