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BEDOS GUY (1934-2020)

Le rire de Guy Bedos, aussi caustique que complice, emportait l’adhésion d’un public acquis. Aigre-doux et empathique, cet humoriste et comédien a inventé un style nouveau dans l’univers du one-man-show : la revue de presse. C’était un dévoreur de journaux en même temps qu’un citoyen toujours prêt à signer des pétitions contre l’obscurantisme ou la « connerie », aux côtés de ses camarades de lutte – l’avocate Gisèle Halimi, marraine de son fils Nicolas, l’actrice Simone Signoret, les humoristes Pierre Desproges et Coluche… Fort d’une aura nationale, cet « anar de gauche », éternel révolté, n’a cessé de partir en croisade pour la défense des droits de l'homme, pour le droit au logement ou celui de mourir dignement, et de tourner en dérision les faiblesses de la gauche et les incuries de la droite.

Guy Bedos adorait jouer les éditorialistes, tout en empruntant à l’art littéraire du pamphlet. Avec un humour vache, ce grand angoissé aux yeux noirs espiègles aimait improviser, défendant les sans-papiers, les sidérurgistes d’ArcelorMittal… « Mon rire est ma façon de trouver la paix. Comme disait Jacques Brel, j’ai mal aux autres. J’aime que le rire ait un sens et porte une émotion », expliquait-il.

Né à Alger le 15 juin 1934, Guy Bedos était un écorché vif. Il aura d’abord souffert de la séparation de ses parents, à l’âge de cinq ans, mais plus encore de la violence familiale. Son beau-père est raciste, antisémite, il bat sa femme, admiratrice du maréchal Pétain. Mis en pension pendant deux ans à la campagne, il y vit le « passage préféré » de son enfance grâce à Finouche, la fille de la ferme, institutrice – « ma vraie maman », écrit-il dans ses Mémoiresd'outre-mère (2005) – qui lui apprend « à penser : liberté, égalité, fraternité, droits de l'homme au-delà des clivages qui divisaient l'Algérie ». Et il poursuit : « La tristesse et la violence y sont mêlées… Je me suis construit absolument contre ce que j'ai subi… »

En juin 1949, ses parents et ses deux demi-sœurs jumelles quittent Alger pour la France. La famille s’installe à Rueil-Malmaison, en région parisienne. Profondément déprimé, Guy Bedos s’enfuit. À dix-sept ans, il entre à l'École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre (ENSATT) de la rue Blanche pour y apprendre le théâtre classique. Là, il rencontre Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle, Michel Aumont et signe sa première mise en scène, Arlequin poli par l’amour, de Marivaux. C’est Jacques Chazot qui écrit pour lui son premier sketch, interprété au cabaret La Fontaine des Quatre-Saisons. L’établissement est dirigé par Pierre Prévert, le frère du poète, ami de Boris Vian et de François Billetdoux. Ces amoureux du texte et du music-hall l'encouragent à écrire. Le jeune homme se produit dans des cabarets, seul ou avec le comédien Jean-Pierre Marielle. Il ouvre la saison de 1965-1966 de Bobino en covedette avec Barbara, avant de partir en tournée avec Jacques Brel et Isabelle Aubret.

Guy Bedos - crédits : Micheline Pelletier/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Guy Bedos

C’est avec la comédienne Sophie Daumier (1934-2003), son épouse, que Guy Bedos atteint les cimes du succès au début des années 1970, en interprétant des sketchs écrits au second degré, principalement par Jean-Loup Dabadie (1938-2020) : une galerie de portraits cruels de l’ordinaire masculin, tels le raciste de « Vacances à Marrakech », le tombeur lourdingue de « La drague » sur un slow langoureux composé par Jean-Claude Vannier, le miséreux sexuel de « Toutes des salopes »... Le couple, qui s’est rencontré sur le tournage du film Dragées au poivre (1963), de Jacques Baratier, se sépare en 1974. La même année, Giscard d’Estaing « l'aristo » devient président de la République. Guy Bedos se fait polémiste politique et parle à la première personne. Il sera plusieurs fois interdit d’antenne[...]

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Média

Guy Bedos - crédits : Micheline Pelletier/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Guy Bedos

Autres références

  • DABADIE JEAN-LOUP (1938-2020)

    • Écrit par
    • 1 040 mots

    Le Français Jean-Loup Dabadie fut à la fois scénariste, dialoguiste, parolier, écrivain, auteur de théâtre et de sketchs. Homme courtois, drôle et élégant, il sut manier les arts dits simples et légers, jusqu’à les mener à l’Académie française, où il fut élu en 2008 – une première pour la vénérable institution....

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    De son vrai nom Élisabeth Hugon, la comédienne française Sophie Daumier est née à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) en 1934 et est morte à Paris en 2003. Élève de Pierre Dux au Conservatoire, Sophie Daumier débute sa carrière de comédienne avec le film Quand la femme s'en mêle d'Yves...