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GUY DE CHAULIAC (1300-1368)

Le médecin et ses malades - crédits : BnF, cote cliché RC-A-48196

Le médecin et ses malades

Né dans le diocèse de Mende, cet humble paysan fut remarqué par l'Église qui le fit étudier. Devenu clerc de la cathédrale de Mende, Guy de Chauliac alla suivre à Montpellier les cours de l'école de médecine (la chirurgie n'était pas encore enseignée) et il y obtint les grades de maître en médecine de cette ville. Il séjourna ensuite à l'université de Bologne et à Paris. Dans ces deux écoles, il se perfectionna dans l'étude de la chirurgie.

Nommé chanoine de l'église Saint-Just de Lyon vers 1340, il pratique la médecine et surtout la chirurgie dans cette ville et ses alentours (dans le « chapitre singulier » de sa Grande Chirurgie il énumère les instruments qu'il emportait lorsqu'il opérait hors de Lyon). En 1348, lorsque la grande peste éclate, il est à Avignon huitième médecin du pape Clément VI, et il le seconde efficacement dans sa lutte contre l'épidémie. À la mort de Clément VI, en 1352, il est promu deuxième médecin de son successeur Innocent VI et chanoine de Reims avec prébendes, mais il ne semble pas qu'il ait vécu dans cette ville. Il renonce à cette charge en 1359, lorsqu'il devient prévôt du chapitre de Saint-Just de Lyon. Après le décès d'Innocent VI, il est nommé premier médecin d'Urbain V.

De cette double activité d'homme d'Église et de médecin-chirurgien, c'est la seconde qui le rend illustre lorsqu'il rédige, en 1363, « pour le soulas de ma vieillesse et pour exercer mon esprit », l'Inventorium sive Collectorium artis chirurgicalis medicinae ; au fil des nombreuses rééditions, le titre devient la Grande Chirurgie. Aucun traité didactique n'existait sur ce sujet, puisque la chirurgie n'était pas enseignée dans les universités. Il rassemble les textes fragmentaires abordant cette science et y ajoute ses commentaires, nés d'une longue pratique. Présentée sous la forme de questions-réponses, la Grande Chirurgie, connue désormais sous le nom de Guidon, restera entre les mains des étudiants jusqu'au xviiie siècle.

Il réclame avec insistance pour le chirurgien une profonde connaissance de l'anatomie, obtenue par de nombreuses dissections sur le corps humain, et une solide formation médicale. Ainsi s'explique la création par les chirurgiens parisiens, en 1396, d'un enseignement en latin donnant droit au titre de maître ès arts. Dorénavant, les chirurgiens vont délaisser la corporation des barbiers pour prendre rang parmi les médecins. Parallèlement, la dissection des cadavres humains, à laquelle l'Église était hostile depuis des siècles, est introduite dans l'enseignement, timidement d'abord, plus largement à partir du xviie siècle.

Le ve chapitre du IIe livre de la Grande Chirurgie contient une description remarquable de la peste de 1348 à Avignon et de la seconde épidémie de 1361 ; il donne un tableau exact des deux formes de la maladie : peste bubonique et peste pulmonaire. Soignait-il Laure de Noves, qui mourut probablement de la peste, le 6 avril 1348 ? Rien n'est moins sûr. Pourtant, selon certains auteurs, Chauliac serait « le vieillard édenté né dans les montagnes » que Pétrarque stigmatise dans ses Invectives contre un médecin.

— Jacqueline BROSSOLLET

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Le médecin et ses malades - crédits : BnF, cote cliché RC-A-48196

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  • MÉDECINE - Histoire

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    ...rares dissections anatomiques réalisées malgré l'hostilité et la surveillance méfiante de l'Église. Citons Henri de Mondeville (env. 1260-1320) et surtout Guy de Chauliac (1300-1368), qui fit d'intéressantes constatations au cours de l'effroyable épidémie de peste noire (1348). Fondée en 1253,...