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GOFFETTE GUY (1947-2024)

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Poète, écrivain et éditeur belge, Guy Goffette est né le 18 avril 1947 à Romponcelle, hameau rattaché à Jamoigne, dans le pays de Gaume. Il a reçu le grand prix de poésie de l'Académie française en 2001.

Fils aîné d’une famille ouvrière, il passe une enfance buissonnière aux lisières de la Belgique, de la France et du Luxembourg. À la liberté des champs succèdent l'internat au collège Saint-Joseph de Virton puis le pensionnat chez les frères maristes à Arlon, où un professeur, Victor Lahaye, l'ouvre à la poésie de Verlaine et Rimbaud.

En 1968, inscrit à l'université, l'étudiant rêve de devenir artiste peintre. En 1969, il se marie avec Françoise, dont il aura trois enfants. Il rencontre Lanza del Vasto (1901-1981), dont il partage l'idéal de non-violence, d'une vie simple et d'une société plus humaine. Instituteur, puis directeur d'école à Harnoncourt, Guy Goffette publie son premier recueil Quotidien rouge, qui célèbre les gens du peuple (1971). Grand lecteur et passeur de poésie, il crée et dirige la revue Triangle (1980) ainsi que les éditions de L'Apprentypographe dont il compose à la main les cahiers : dans l'un d'eux (Solo d'ombres, 1983), l'amoureux désenchanté fait l'éloge de la fuite. En 1987, il donne des notes de lecture dans la Nouvelle Revue française, puis publie son Éloge pour une cuisine de province (1988) : entre mélancolie et humour, le poète du quotidien y partage ses émotions et ses « dilectures » (Umberto Saba, André Frénaud, Cesare Pavese…).

En 1991, après des voyages au Québec, en Roumanie et en Yougoslavie (Partance et autres lieux, 2000), il quitte tout. Il vit alors entre Charleville-Mézières et le quartier des Halles à Paris. Lecteur, membre du comité de lecture et directeur de collection aux éditions Gallimard, le poète publie des recueils d'inspiration élégiaque (La Vie promise, 1991 ; Le Pêcheur d'eau, 1995 ; Un manteau de fortune, 2001 ; L'Adieu aux lisières, 2007). Distiques, vers impairs, sonnets amputés chantent et « déchant[ent] », avec « des mots de tous les jours », ses chutes et « relèvement[s] d'Icare ».

Guy Goffette publie aussi des essais sur ses figures tutélaires : le surréaliste belge Achille Chavée (1972), la religieuse Mariana Alcoforado(Mariana, Portugaise, 1991), à qui on attribua les Lettres portugaises (1669), Max Elskamp (D'exil comme en un long dimanche, Max Elskamp, 2002), Paul Verlaine (Verlaine d'ardoise et de pluie, 1996 ; L'autre Verlaine, 2008), Marthe Bonnard (Elle, par bonheur et toujours nue, 1998), W. H. Auden (Auden ou l'œil de la baleine, 2005), Thomas Bernhard (Journal de l'imitateur, 2006) ou Paul Claudel (Album Claudel, 2011). Ses bonheurs de lecture dédoublée transgressent la biographie traditionnelle, jouant aux frontières du portrait et de l'autoportrait. De même, ses œuvres romanesques s'aventurent aux lisières de l'autobiographie et de la fiction : entre mémoire et affabulation, Un été autour du cou (2001) relate, à la manière d’un aveu, l'innocence d'un garçon de douze ans abusée par une femme ; Géronimo a mal au dos (2013) narre l'impossible réconciliation d'un fils prodigue avec son père ; les récits d'Une enfance lingère (2006) et de Presqu'elles (2009), la « divagation » de La Ruée vers Laure (2011) mêlent fantasmes, souvenirs et voyages autour de la beauté des femmes.

Guy Goffette est un écrivain de LaMémoire du cœur (2013). Chez lui, la solitude, la mélancolie, la partance, le pays natal, le quotidien, l'enfance, l'espièglerie, les femmes, l'amour, la reconquête de la « vie promise » et la Bible fondent l’inspiration, avec des inflexions de blues et de fado.

Après Tombeau du Capricorne (2009), consacré à Paul de Roux (1937-2016),[...]

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Écrit par

  • : professeur agrégé, docteur en littérature française, écrivain

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