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PEELLAERT GUY (1934-2008)

Peintre, illustrateur, affichiste, photographe, auteur de bande dessinée, Guy Peellaert fut tout cela. Lui-même se définissait comme un « faiseur d'images ».

Né le 6 avril 1934 à Bruxelles, il commence une carrière de graphiste dans la publicité. De retour d'un séjour aux États-Unis, où il a rencontré les artistes du Push Pin Studio, il a l'idée de créer une bande dessinée qui serait graphiquement inspirée par le pop art. Ainsi naît en 1966, sur un scénario de Pierre Bartier, son premier album, Les Aventures de Jodelle, édité par Éric Losfeld. Le personnage principal, une espionne peu vêtue, sosie de la chanteuse Sylvie Vartan, évolue dans des décors antiques fantaisistes (enseignes lumineuses, voitures tirées par des chevaux blancs), où l'on rencontre André Malraux, François Mauriac, Paul VI, le président Lyndon Johnson et les Beatles. Guy Peellaert récidive avec Pravda la survireuse, une bande dessinée écrite par le futur cinéaste Pascal Thomas, publiée dans Hara-Kiri en 1967 et en album l'année suivante, toujours par Éric Losfeld. L'héroïne, à nouveau peu habillée et qui emprunte cette fois le physique de Françoise Hardy, passe l'essentiel de son temps sur une moto, dans une mégalopole qu'elle semble détester. Jusqu'en 1970, Guy Peellaert livre encore à Hara-Kiri quelques histoires où des photos viennent s'insinuer dans les dessins.

Le passage de Guy Peellaert dans l'univers de la bande dessinée fut bref, mais remarqué : l'héroïne féminine, Pravda, fut aussi bien le thème d'un spectacle du Crazy Horse que d'une collection de vêtements signée par le couturier Jean-Charles de Castelbajac, en 2001 ; Umberto Eco définit sobrement mais précisément Jodelle comme une bande dessinée pour adultes dans le style pop art ; Jean-Luc Godard songea à adapter Pravda au cinéma et Federico Fellini déclara que les bandes dessinées de Guy Peellaert « étaient la littérature de l'intelligence, de l'imagination et du romantisme ». Avec le recul, ces œuvres paraissent tout à fait caractéristiques de l'esthétisme et des idées qui marquent la fin des années 1960. On y retrouve un graphisme où se mêlent pop art et distorsions psychédéliques, des aplats de couleurs criardes peu réalistes, comme distordues par des néons, une satire de la société de consommation et un combat pour la libération des mœurs.

L'idéologie libertaire de ces bandes dessinées rejoignait celle que la musique pop et rock commençait à véhiculer, notamment sous l'influence de Bob Dylan. Les contacts entre musiciens, plasticiens et graphistes devinrent courants, comme on le voit avec l'album Cheap Thrills (1968) de Janis Joplin, dont la pochette est due à Robert Crumb, ou avec celle de Sticky Fingers (1971), des Rolling Stones, conçue par Andy Warhol. C'est donc par un cheminement alors assez naturel que Guy Peellaert quitta la bande dessinée pour devenir un illustrateur de la scène rock et pop. Il travailla avec l'écrivain Nik Cohn, qui venait de se rendre célèbre en 1969, à vingt-trois ans, en publiant une histoire du rock brillante et partiale, Awopbopaloobop Alopbamboom. Pour illustrer ces textes, Guy Peellaert réalisa 125 peintures, dérivées de photos publiées dans la presse et représentant les plus grandes vedettes de l'époque, comme Elvis Presley, Bob Dylan, les Beatles, Frank Sinatra ou Mick Jagger. Le recueil de ces travaux, intitulé Rock Dreams, fut publié en 1973 et se vendit rapidement à un million d'exemplaires, apportant à Guy Peellaert une notoriété internationale, et faisant de lui un artiste culte aux États-Unis.

Devenu un illustrateur courtisé, il crée la sensation en 1974 avec la pochette de l'album de David BowieDiamond Dogs (le chanteur y apparaît comme une créature mi-homme mi-chien) et celle de It's only rock'n'roll[...]

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