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SCHOELLER GUY (1914-2001)

Né le 11 juillet 1914 dans le XIVe arrondissement de Paris, Guy Schoeller fréquente le cours Saint-Louis, puis le lycée Carnot et la faculté de droit de Paris. En 1940, il est nommé responsable de l'agence Hachette de Marseille ; c'est alors qu'il fait la connaissance d'un jeune éditeur appelé à jouer un grand rôle dans sa carrière : Robert Laffont. Après la guerre, il est chargé avec Henri Filipacchi, dans le cadre de la Librairie Hachette, de développer la collection Pourpre, cartonnages de petit format, fondée en participation avec les éditions Calmann-Lévy. En 1947, Guy Schoeller engage des négociations avec Gallimard, qui aboutiront en 1948 à un accord d'exploitation dérivée des titres du fonds. C'est aussi un coup d'essai en prévision du bouleversement qui va s'opérer durant la décennie suivante : l'apparition du livre au format de poche, à l'image des paperbacks anglo-saxons Penguin ou Simon & Schuster. À partir de 1951, date à laquelle Hachette retient le titre „Série de poche“, Filipacchi, Schoeller et l'équipe qu'ils ont formée autour d'eux, obtiennent les cessions de droits „poche“ auprès de la quasi-totalité des éditeurs français, passent des accords avec des fabricants étrangers pour équiper l'imprimerie Brodard et Taupin, contrôlée par Hachette, de machines spécialement conçues pour l'impression et le brochage des „poches“, et mettent à contribution le réseau de distribution Hachette pour le lancement de la collection. La marque „Livre de poche“, inventée par les éditions Tallandier en 1905 pour une collection de feuilletons, est déposée. En février 1953, les trois premiers titres de la nouvelle collection sont proposés au prix de 150 francs (soit quatre fois moins que le prix moyen d'un titre) : en moins d'un mois, l'ensemble des exemplaires de Kœnigsmark de Pierre Benoit, des Clefs du Royaume d'Arthur J. Cronin et de Vol de nuit d'Antoine de Saint-Exupéry, tirés chacun à 66 000 exemplaires, est vendu. Les ventes du Livre de poche passent de 10 millions d'exemplaires en 1960 à 27 millions en 1964, pour un total de 40 millions, cette année-là, toutes éditions de poche confondues.

Dans les années 1950, Guy Schoeller avait également représenté Hachette au sein du Club du meilleur livre, fondé en 1952 en collaboration avec Gallimard et Robert Laffont. Il y rencontre Robert Carlier, gérant et directeur littéraire du club. À la mort de Henri Filippacchi, en 1961, Guy Schoeller prend la direction du Livre de poche. Il fait appel à Pierre Faucheux pour modifier la ligne graphique des couvertures dans une orientation à la fois plus inventive et plus sobre, et engage Robert Carlier pour la série Livre de poche classique. Durant la même période, Guy Schoeller est nommé à la direction générale des éditions Stock (jusqu'en 1970) et des éditions du Chêne (jusqu'en 1969). De 1969 à 1972, il se voit ensuite confier la direction du groupe de presse Femmes d'aujourd'hui, dépendant de Hachette. En 1972, date de la rupture entre Hachette et Gallimard, il rejoint les éditions Robert Laffont et c'est par son entremise que Dominique et Michelle Frémy apportent à cette maison la nouvelle formule du Quid, auparavant édité aux Presses de la Cité.

À partir de 1978, Guy Schoeller s'attelle à la conception de la collection Bouquins, lancée en octobre 1979, avec la reprise du Dictionnaire des œuvres Laffont-Bompiani. L'idée, une nouvelle fois, provient d'Angleterre, et est largement redevable aux innovations techniques mises au point par l'imprimerie Hazel, Watson & Viney : il s'agit de réaliser de forts volumes (1 000 pages environ), quasi infroissables, dont les reliures résistent à l'usage. L'ambition éditoriale est de constituer une „Pléiade populaire“, éclectique et dotée d'appareils critiques[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, responsable des fonds d'éditeurs et des métiers du livre à l'I.M.E.C. (Institut Mémoires de l'édition contemporaine), Paris

Classification

Autres références

  • LAFFONT ROBERT (1916-2010)

    • Écrit par
    • 977 mots

    Robert Laffont est mort le 19 mai 2010, à l'âge de quatre-vingt-treize ans. S'il incarnait l'éditeur au sens noble du terme, profondément humain et curieux, il sut également symboliser l'évolution du secteur au cours de la seconde moitié du xxe siècle, introduisant le marketing...