GUYANA
Nom officiel | République coopérative du Guyana (GY) |
Chef de l'État | Irfaan Ali (depuis le 2 août 2020) |
Chef du gouvernement | Mark Phillips (depuis le 2 août 2020) |
Capitale | Georgetown |
Langue officielle | Anglais |
Unité monétaire | Dollar du Guyana (GYD) |
Population (estim.) |
741 300 (2024) |
Superficie |
214 999 km²
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La revanche de Cheddi Jagan
En réponse à cette thérapie de choc, très dure pour la population, une grève générale est déclenchée le 4 avril 1989, tandis que se déroulent des manifestations houleuses organisées par les ouvriers et les étudiants. Une centaine de personnes sont arrêtées et accusées de « conspiration ». Parmi les personnes inculpées figurent plus de soixante militants du PPP et du syndicat des travailleurs agricoles du sucre, le GAWU, qui protestent également contre le vaste plan de privatisations lancé par le Congrès national du peuple. Ce plan fait l'objet de nombreuses controverses, aiguisées par le fait qu'il est appliqué alors que les élections prévues pour la fin de l'année 1990 sont constamment ajournées par le PNC. La bataille fait rage autour de ce fleuron qu'est la Guyana Sugar Corporation (Guysuco), la plus grande entité étatique avec la Guyana Mining Enterprise. Ces véritables piliers de l'économie sont en partie privatisés lorsque survient la victoire de Cheddi Jagan aux élections du 4 octobre 1992.
Bien que mouvementées, elles sont reconnues free and fair (libres et honnêtes), au dire des cent observateurs étrangers venus du centre Carter et de la communauté britannique. Le Parti progressiste du peuple remporte 55 % des voix et une courte majorité de un siège au Parlement ; le Congrès national du peuple doit se contenter de 41,5 % des suffrages.
Si l'on fait le bilan du mandat de Desmond Hoyte, qui aspirait à la réélection et n'a cédé la place qu'à contrecœur, on constate certains résultats macro-économiques positifs. Mais le taux d'inflation reste élevé ; le salaire minimum équivaut à un demi-dollar par jour. Un médecin, l'une des professions les mieux payées du pays, gagne à peine 100 dollars par mois. Comment le nouveau président Cheddi Jagan, âgé de soixante-quatorze ans, compte-t-il affronter les tensions sociales et ethniques qui ne vont pas manquer de surgir ? Jadis qualifié d'« enfant terrible » par les Britanniques, ce lutteur infatigable a évolué dans ses convictions idéologiques, sans se renier sur le fond. Il se prononce en faveur d'une économie mixte et du rétablissement des libertés. Dès son entrée en fonctions, quelques jours après son élection, il met en place un gouvernement de coalition en faisant appel au parti United Force (gauche) et surtout à l'Alliance du peuple travailleur (WPA, centre gauche).
Là est le défi essentiel. « Le PPP entend éliminer tout type de discrimination politique ou ethnique, déclare le président. Aucun groupe racial, aucune minorité ne se sentira menacée dans notre nouvel État. » Cette ambition est à coup sûr la condition de la stabilité d'un pays divisé et appauvri, soucieux de renégocier dans de meilleures conditions l'accord passé avec le FMI et la Banque mondiale sur le remboursement de la dette (2,1 milliards de dollars en 1993).
En politique extérieure, la priorité est de resserrer les liens avec les membres de la communauté anglophone des Caraïbes (le Caricom, composé de treize membres, a son siège à Georgetown) ainsi qu'avec le Suriname, la Guyane française et les proches voisins latino-américains (Brésil, Colombie, Venezuela). Plus largement, le Guyana espère développer une « juste coopération », fondée sur le respect mutuel et un véritable partenariat, avec l’Union européenne, – et, à l’intérieur de celle-ci, le Royaume-Uni particulièrement –, le Canada, et les États-Unis, – en qui Cheddi Jagan voit « des amis traditionnels ». Son décès en cours d’exercice, en mars 1997, ne lui permet pas d’achever son entreprise. Le Premier ministre Samuel Hinds assure l'intérim jusqu'à l'élection de Janet Jagan, la veuve de l'ancien président, le 15 décembre 1997.
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Écrit par
- Françoise BARTHELEMY : agrégée d'espagnol, professeure de classes préparatoires au lycée Lakanal
- Michel DEVÈZE : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Reims
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
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BURNHAM FORBES (1923-1985)
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GEORGETOWN, anc. STABROEK, Guyana
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