GUYANE
L'intérieur des terres, les confins guyanais de la France
Les deux fleuves Oyapock (303 km), à l'est, et Maroni (520 km) à l'ouest, entretiennent autant de liens avec leurs voisins transfrontaliers (Suriname et Brésil) qu'avec la préfecture de Cayenne.
La guerre civile qui déchira le Suriname de 1986 à 1992 aboutit à isoler encore plus la région Maroni ; 6 363 réfugiés surinamiens furent accueillis dans des camps ou des villages sur la rive française, et environ 6 000 autres réfugiés clandestins les rejoignirent jusqu'en 1992. Une partie d'entre eux sont restés en Guyane après le conflit et se sont installés à Saint-Laurent-du-Maroni ou au village de l'ethnie Saramaka de Kourou. À l'est, la liaison avec le Brésil est à la fois désirée (pont sur l'Oyapock ouvert à la circulation en 2008) et redoutée (peur de la migration économique). Dans l'interstice se développent les relations interlopes les plus sordides (prostitution enfantine banalisée).
Au sud, les monts Tumuc Humac (sur 427 km) divisent un territoire forestier peu peuplé (moins de 0,5 hab./km2), mais transformé et entretenu par les communautés amérindiennes grâce à la « domesticulture », c'est-à-dire la domestication d'un écosystème et non d'une espèce particulière. Encore non ou peu dégradé dans son ensemble, ce territoire est menacé par l'orpaillage officiel et clandestin (pollution au mercure) et par le braconnage intensif. La création, en 2007, d'un parc naturel de 3,39 millions d'hectares (dénommé Parc amazonien de Guyane), soit plus du tiers méridional de la Guyane, afin de développer le tourisme, risque de poser de nombreux problèmes, parce qu'il abroge l'arrêté de 1970 qui interdisait la libre circulation dans la zone soumise à autorisation spéciale. Menacés par le développement de l'orpaillage et exclus de sa gestion, les Amérindiens ont annoncé, en juin 2007, par la voix de la FOAG, leur opposition au projet.
La Guyane offre depuis quatre cents ans à la France une porte ouverte sur l'Amérique latine, les Caraïbes et l'espace, ainsi qu'une vitrine pour son savoir-faire en milieu équatorial. Elle lui fournit, en ce début de xxie siècle, l'opportunité de faire la preuve de la capacité de l'État à protéger et à mettre en valeur un milieu forestier et des cultures autochtones à la fois riches et vulnérables.
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Écrit par
- Emmanuel LÉZY : maître de conférences en géographie à l'université de Paris-X-Nanterre
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