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SÁNDOR GYÖRGY (1912-2005)

Le pianiste américain d'origine hongroise György Sándor, dernier disciple de Béla Bartók et de Zoltán Kodály, était l'héritier de la grande tradition magyare, notamment pour l'interprétation de la musique de ses maîtres.

Il naît à Budapest le 21 septembre 1912, dans une famille où l'on pratique la musique. György accomplit ses études musicales à l'Académie Franz-Liszt de sa ville natale, où, faute d'être admis dans la classe prestigieuse d'Ernö Dohnányi (où travaillaient alors György Cziffra, Andor Foldes et Annie Fischer), il étudie le piano avec Bartók (1930-1934) et la composition avec Kodály. Parmi ses condisciples figurent Fritz Reiner, Antal Dorati, Lili Kraus, Georg Solti et Ferenc Fricsay. Il donne son premier concert à Budapest en 1930 et commence à se produire à l'étranger : au Wigmore Hall de Londres en 1938, au Carnegie Hall de New York en 1939, ville où il décide de se fixer.

Sa carrière prend un essor international pendant la Seconde Guerre mondiale, avec des tournées en Amérique du Sud. Il adopte la nationalité américaine en 1941 et est mobilisé en 1942 ; il jouera pour la troupe dans des casernes pendant trois ans. Très proche de Bartók, qui passa à New York ses dernières années, il recueille les dernières corrections de ses œuvres ultimes, notamment du Concerto pour orchestre. Il donne en 1945, au Carnegie Hall de New York, la première exécution publique de la Suite de danses de Bartók dans sa propre version pour piano. En 1946, un an après la mort du compositeur, il crée son Troisième Concerto pour piano avec l'Orchestre de Philadelphie sous la direction de Eugene Ormandy. Il mène une croisade incessante en faveur de la musique de son maître, dont il enregistrera à deux reprises l'intégrale de l'œuvre pour piano seul (1963 et 1993-1994). Champion de la musique de son siècle, il grave également l'intégrale de l'œuvre pour piano seul de Prokofiev (1967) et de Kodály. Il consacre une part importante de son temps à la pédagogie, comme professeur à la Southern Methodist University à Dallas (1956-1961), à l'université du Michigan à Ann Arbour, où il dirige le département des études pianistiques (1961-1981), et à la Juilliard School of Music de New York (à partir de 1982). Il donne des masterclasses aux États-Unis, au Conservatoire national supérieur de Paris, au Mozarteum de Salzbourg, à Assise, à Jérusalem et siège dans de nombreux jurys de concours internationaux. Parmi ses élèves figurent György Sebök, Roger Muraro, Hélène Grimaud, Ian Pace, Jean-Efflam Bavouzet et Malcolm Bilson. En 1990, il crée la version pour piano que Bartók avait lui-même réalisée de son Concerto pour orchestre, un manuscrit longtemps oublié et retrouvé par le fils du compositeur en 1985 après la mort de sa veuve Ditta Pásztory. Après la chute du régime communiste en Hongrie, Sándor revient jouer et enseigner dans son pays natal, où il réenregistre notamment les trois concertos de Bartók. Il continue à se produire jusqu'à un âge avancé, donnant son ultime concert à Ankara au printemps de 2005 (Troisième Concerto de Bartók). Il meurt à New York le 9 décembre 2005.

Sa démarche d'interprète s'accompagnait d'un travail de recherche qui l'a conduit à éditer des œuvres de Prokofiev, de Khatchaturian et une transcription très brillante de L'Apprenti sorcier de Dukas. Il possédait un répertoire considérable et mêlait volontiers dans ses programmes la musique de Bach et de Mozart aux œuvres de son temps. Dans le domaine de la musique contemporaine, il a créé des œuvres de Samuel Barber (Excursions), Lukas Foss, Anis Fuleihan et Leonard Bernstein (Anniversaries). L'essentiel de son approche pédagogique se trouve résumé dans un livre qu'il a publié à New York en 1981, On Piano Playing : Motion, Sound and Expression[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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