HABITAT L'habitat contemporain
Un habitat pour l'homme d'aujourd'hui
Le mot « habitat » n'a pas d'équivalent exact dans toutes les langues et sa définition soulève en France des discussions byzantines.
Le Conseil économique a demandé en 1949 à l'architecte Le Corbusier de faire une proposition pour une « charte d'habitat ». Or c'est la notion d'habitation, et non celle d'habitat vu comme un environnement de la vie, que Le Corbusier a placée au centre de son rapport. Le IXe Congrès international d'architecture moderne (C.I.A.M.), réuni en 1955 à Aix-en-Provence avait également comme but la création d'une « charte d'habitat ». Malgré de longues discussions, les nombreux architectes venus du monde entier se sont trouvés dans l'impossibilité de clarifier la notion d'habitat par rapport à celle d'habitation. L'habitat était considéré comme une habitation totale, c'est-à-dire « le logis » et ses « prolongements ».
L'étymologie latine du terme français (habitatum, de habitare, vivre, tenir) ne trouve dans les autres langues que des similitudes approximatives : en grec όιχισμ́ος, en allemand das Wohnen, en anglais housing, etc. Le mot « habitat » fut d'abord utilisé pour désigner « un lieu spécialement habité par une espèce végétale ; on l'applique aussi aux animaux et à l'homme considérés selon les diverses races » (Littré), c'est-à-dire pour désigner une « aire habitée » par une espèce ou un groupe d'espèces animales ou végétales.
Pourtant généralement, au centre de la notion d'habitat se trouve l'homme lui-même et son toit-abri, ce qui amène continuellement à confondre l'habitation ou le groupe d'habitations avec l'habitat au sens le plus large du terme. L'habitat n'est pas qu'un toit-abri, foyer ou logis, mais un ensemble socialement organisé. Il permet à l'homme de satisfaire ses besoins physiologiques, spirituels et affectifs ; il le protège des éléments hostiles et étrangers. Il lui assure son épanouissement vital. L'habitat intègre la vie individuelle et familiale dans les manifestations de la vie sociale et collective.
De plus en plus la notion d'habitat prend un sens écologique : l'habitat devient avant tout « l'environnement où les hommes vivent » : vivre seul et vivre en société.
L'habitat comme totalité
Habitat et urbanisme
Les quatre fonctions bases de l'urbanisme (d'après la charte d'Athènes des Congrès internationaux d'architecture moderne, 1933) – habiter, travailler, cultiver son corps et son esprit, circuler – s'entremêlent et se confondent dans l'habitat, et la complexité de leurs relations et interrelations le caractérise, le spécifie et l'identifie.
Par exemple l'habitude de distinguer l'« habitat individuel » de l'« habitat collectif » n'a aucun sens. L'habitat est toujours collectif par opposition à l'habitation, qui doit toujours être individuelle et familiale. Si l'on compare deux extrêmes, les habitations dans l'« unité de grandeur conforme », suivant la conception de Le Corbusier pour sa Ville radieuse (par exemple, l'immeuble collectif Le Corbusier à Marseille), sont certainement beaucoup plus individuelles que n'importe quel pavillon de banlieue des grandes villes. La proposition de Le Corbusier crée une conception sociale de l'habitat ; à l'opposé, l'habitat dit « individuel » provoque la destruction de l'habitat.
L'habitat spécifique
La prédominance de telle ou telle donnée spécifie l'habitat et montre la diversité de ses aspects écologiques.
L'élément climatique permet de distinguer par exemple l'habitat tropical de l'habitat polaire. Les données surtout géographiques différencient[...]
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Écrit par
- Georges CANDILIS : architecte-urbaniste
- Pierre PIGANIOL : conseil en politique scientifique
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Média
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