HABITAT L'habitat gréco-romain
L'habitat urbain
Villes anciennes et villes nouvelles jusqu'au ive siècle avant J.-C.
En Grèce, l' urbanisation se développe au viie siècle sous deux formes : dans les agglomérations anciennes, par agglutination spontanée des maisons, désormais orthogonales ; dans les colonies nouvellement fondées, par une division systématique de l'espace en terrains égaux, qui préfigure l'urbanisme rationaliste du ve siècle. Il en résulte avec le temps deux types de villes, d'aspect très différent : les unes très régulières et fonctionnelles, les autres anarchiques et très denses, où l'imbrication des maisons n'est interrompue que par les espaces sacrés (sanctuaires) et civiques (agora). En dépit de ses monuments prestigieux, Athènes est restée durant toute l'Antiquité l'exemple de ce type de ville, où le contraste très marqué entre la beauté des monuments et l'incohérence du tissu urbain n'exclut pas un certain attrait : celui du pittoresque, de l'inattendu, de la convivialité poussée jusqu'à la promiscuité, que présentent encore aujourd'hui nombre de villes méditerranéennes. Les Anciens eux-mêmes, depuis le ve siècle au moins, étaient conscients de ce paradoxe. Le texte du Pseudo-Dicéarque (iiie s. av. J.-C.) l'énonce sans détour : « La ville entière est sèche, car elle n'a pas beaucoup d'eau ; elle est aussi bien mal organisée, à cause de son antiquité. La plupart des maisons y sont sommaires ; quelques-unes seulement sont confortables. Au premier abord, un étranger pourrait douter qu'il s'agit de la fameuse ville d'Athènes ; mais il ne tarderait pas à le reconnaître, car elle possède la plus belle salle de concert du monde », etc. Les fouilles faites au sud-ouest de l'Aréopage illustrent parfaitement ce texte : les rues sont sinueuses et étroites, les maisons d'époque classique d'une taille qui varie du simple au triple ; elles sont généralement organisées autour d'une petite cour, dont une partie est protégée par un auvent. Au-dessus du bas de mur en pierres appareillées ou plus souvent en moellons, les élévations de brique crue étaient si fragiles que souvent les voleurs les perçaient pour s'introduire dans les maisons.
Rares sont les maisons des vie et ve siècles connues hors d'Athènes ; mais il est probable que l'habitat ne devait pas y être plus brillant. On le voit bien à Thasos, où un quartier d'habitation des ve et ive siècles, situé à la Porte du Silène, a été fouillé récemment avec la plus grande minutie. Dans les limites stables des îlots, les maisons ont tendance à s'agrandir et à se rapprocher dans la mesure du possible d'un plan qu'on retrouve partout en Grèce : une cour, ici dallée, sur laquelle donne une pièce oblongue qui dessert deux pièces perpendiculaires à celle-ci. Même dans leur phase ultime, ces habitations restent bien modestes, tant en extension qu'en confort. Avec leurs pièces mal éclairées et peu aérées, leurs recoins peu utilisables, leur sol de terre battue, ces maisons incessamment remaniées ou plutôt bricolées durant deux siècles donnent une piètre et fausse impression de cette cité, dont la prospérité et la puissance suscitèrent la jalousie d'Athènes.
Jusqu'au ive siècle, l'architecture grecque aura donc été essentiellement une architecture sacrée, et subsidiairement publique ou militaire. L'architecture domestique, restée embryonnaire, reproduit et varie à tâtons, à la campagne et dans les villes anciennes, deux types de plan : l'un, qu'on vient de rencontrer à Thasos, est la maison à pastas, où les pièces de séjour du rez-de-chaussée donnent sur une pièce oblongue (pastas), plus ou moins ouverte (portes, baies ou portique à colonnes) sur la cour centrale de la maison. L'autre[...]
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Écrit par
- Bernard HOLTZMANN : ancien membre de l'École française d'Athènes, professeur émérite d'archéologie grecque à l'université de Paris-X-Nanterre
Classification
Médias
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