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HABITAT L'habitat rural en Occident (XIe-XIXe s.)

Au Moyen Âge et dans l'Ancien Régime, le village a été le cadre habituel de vie de l'immense majorité de la population européenne. La maison rurale, quels que soient sa forme, ses matériaux, ses fonctions, a fortement marqué, non seulement la mentalité des populations contemporaines, mais aussi le paysage. Consciemment ou non, de manières différentes selon qu'ils sont urbains ou ruraux, nos contemporains, à l'heure des résidences secondaires et du regain d'intérêt pour le monde rural, s'intéressent de plus en plus au village et à la maison rurale. Cette réappropriation réelle ou affective va de pair avec la projection d'un certain nombre d'idées préconçues quant à ce qu'a été, dans l'Ancien Régime et par extrapolation au Moyen Âge, sinon même avant, cet élément fondamental du cadre de vie des populations européennes. Il n'est donc pas sans intérêt de montrer qu'en réalité la maison rurale telle que nous la voyons actuellement est généralement une construction datant du xviiie ou du xixe siècle, rarement plus ancienne : la maison n'est alors antérieure à cette époque que d'un siècle ou deux ; en outre, la maison rurale est, pour ces formes récentes ou tardives, l'héritière d'une évolution qui ne s'amorce en Occident européen qu'au cours de la période allant du xe au xiie siècle environ et qui rompt en fait, par bien des points, avec une tradition très différente de l'habitat rural, tradition elle-même fort ancienne, aussi ancienne que les origines de l'agriculture et de l'élevage en Europe, quelques millénaires avant notre ère.

L'infraconstruction du haut Moyen Âge

Un trait fondamental caractérise l'habitat rural européen, de l'âge du fer au haut Moyen Âge : ordinairement construit en matériaux périssables, il n'est pas fait pour durer et pour être transmis, de génération en génération. Sans doute, dans l'ensemble des provinces romanisées et notamment dans la moitié sud de l'Europe, l'intermède de l'Empire romain modifie-t-il quelque peu cette situation en introduisant l'emploi de la pierre, du mortier de chaux, des couvertures en tuile dans un très grand nombre de sites.

Mais l'importance de cet intermède ne doit pas être exagérée, car à aucun moment il n'a intéressé l'ensemble du territoire européen. En France comme ailleurs, cela n'empêcha pas le maintien, dans des proportions difficiles à fixer, d'un habitat rural « traditionnel », conservant les formes et les matériaux de l'habitat rural de la période antérieure.

De plus, dans l'ensemble de l'Empire romain, dès les iiie et ive siècles, cette forme d'architecture rurale est en crise, souvent ruinée ou en voie d'abandon. Très vite, se généralisent, en France comme ailleurs, dans les limites de l'Empire, des habitats très semblables à ceux des périodes antérieures ou à ceux des populations barbares extérieures au limes. Du ve au ixe siècle, si l'on exclut quelques secteurs marginaux, et notamment au sud les zones très romanisées, l'ensemble de l'Europe médiévale connaît un habitat rural assez homogène.

L'un de ses caractères essentiels, classiques, est l'utilisation de matériaux périssables : terre crue (employée sous la forme de torchis ou de pisé) ; végétaux (en bottes pour les murs comme pour les couvertures, ou en mottes de gazon) ; enfin bois, en particulier pour l'ossature, la structure de ces bâtisses. La maison rencontrée le plus souvent alors possède une structure de poteaux de bois enfoncés verticalement dans le sol, reliés par un remplissage de matériaux périssables et une couverture identique. Cette architecture n'est pas faite pour durer. Les matériaux employés en sont l'indication la plus évidente. Dans l'ensemble, ces matériaux sont obtenus[...]

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