HABITAT L'habitat rural en Occident (XIe-XIXe s.)
Constitution de l'habitat traditionnel : du XVIe au XIXe siècle
Bien des traits restent cependant à acquérir pour en arriver aux architectures traditionnelles de l'âge d'or du monde rural, le xviiie siècle et la première moitié du xixe. Il faut d'abord tenir compte de la diffusion, souvent lente et parfois encore inachevée au tout début du xxe siècle, des matériaux nouveaux et plus solides dont nous avons noté l'apparition précédemment. Ainsi, le remplacement dans les toitures de bottes de végétaux, seigle spécialement, par des tuiles.
Si ce phénomène de substitution apparaît très tôt, dès les derniers siècles du Moyen Âge, sources écrites, données iconographiques et architecturales récentes témoignent que, dans de nombreuses régions de France, cette substitution n'a jamais été absolument totale et générale : ainsi en Corrèze, dans le Vannetais, dans certaines régions du Cantal, etc. D'autre part, si les changements de matériaux et de techniques sont souvent importants dans un contexte rural donné, ils n'affectent pas toujours l'ensemble des bâtiments de l'exploitation agricole : la maison d'habitation est le lieu où, avant tout autre, on emploie des meilleurs matériaux et les nouvelles techniques, alors que les annexes, écuries, étables et surtout hangars, sont souvent des conservatoires technologiques.
Il serait loisible de suivre, dans certaines régions notamment, ces résistances au progrès technique, le maintien d'architectures rurales archaïques. Cependant, ce qui frappe, dans la large période qui va du xvie au xixe siècle, c'est malgré tout la transformation et l'évolution de l'habitat rural.
À la base de celles-ci, il faut sans doute, en France comme ailleurs, par exemple en Angleterre au cours de la période qui s'étend de 1570 à 1640, donner une place importante à de grandes phases de reconstruction qui ont profondément renouvelé le bâti : ainsi, pour la France, la période qui commence entre 1450 et 1480 et qui s'achève un siècle plus tard, ou le xviiie siècle à partir de 1720-1740, ou enfin, au xixe siècle, entre 1830 et 1850, dernière grande époque de l'architecture rurale traditionnelle. Les chiffres manquent, sauf pour cette dernière époque, pour apprécier pleinement ce phénomène mais il faut admettre qu'il eut une influence considérable. Lié à certaines phases de reconstruction du paysage rural, d'enrichissement de certaines franges de la paysannerie, cet essor du bâti entraîna non seulement la généralisation de matériaux et de techniques nouveaux, mais surtout la diffusion plus générale de formes nouvelles de bâti.
Les derniers siècles du Moyen Âge (xiiexve s.) ont légué à l'Europe rurale postmédiévale un certain nombre de formes architecturales. Dans le Midi méditerranéen, au moins au xiie siècle, nous trouvons le type classique de la maison-bloc à étage, construite dès cette époque en pierres assemblées au mortier de chaux. Dans le reste de l'Europe, la maison à étage se diffusera très lentement et restera longtemps (jusqu'au xixe siècle) l'habitation urbaine ou celle de la paysannerie enrichie.
Hors de la zone méditerranéenne, les deux types de bâtiment les plus courants sont : la maison élémentaire – déjà observée pendant le haut Moyen Âge – qui, avec une pièce, parfois deux, constitue le bâti le plus simple, mais aussi le plus répandu ; la maison mixte – plus grande mais ne dépassant guère 15 ou 20 mètres – qui abrite d'un côté les humains, dans une pièce, rarement deux ; de l'autre côté, les animaux domestiques, avec accès commun pour les deux catégories d'occupants. La maison mixte, plus vaste que le premier type, correspond au Moyen Âge à une paysannerie quelque peu aisée et dans tous les cas représente une forme architecturale dont on observe bien la naissance en Angleterre au [...]
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Écrit par
- Jean CHAPELOT : directeur de recherche au C.N.R.S.
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