HABITATS PRÉ- & PROTOHISTORIQUES (Grèce antique)
L'affinement des méthodes de fouilles et d'analyse des données archéologiques a permis d'obtenir depuis 1945 des renseignements beaucoup plus précis sur les périodes préhistoriques de ce qui allait être la Grèce. On a ainsi découvert que la présence humaine y était bien antérieure à ce que l'on avait cru d'abord : elle est attestée maintenant depuis le Paléolithique moyen (Moustérien : 80 000-35 000 av. J.-C.). D'autre part, le passage d'une vie nomade fondée sur la chasse et la cueillette (ère paléolithique) à une vie sédentaire fondée sur l'agriculture (ère néolithique) n'a pas eu le caractère d'une mutation brusque, irréversible, se propageant à partir d'un foyer novateur unique. Cela explique la présence dans des régions voisines de types d'habitat plus ou moins engagés dans le processus de sédentarisation.
Dès la phase dite protonéolithique, avant l'apparition de la céramique vers 6500 avant J.-C., on constate en Thessalie, dans les couches profondes de Sesklo notamment, l'existence de huttes de plan variable, souvent légèrement enterrées dans le sol, qui dérivent directement des tentes couvertes de peaux de bête du Paléolithique : des poteaux de bois fichés dans le sol supportent un clayonnage de roseaux ou de branchages enduit de boue ou d'argile.
Au Néolithique ancien (env. 6200 av. J.-C.), le site de Néa Nicomédia (Macédoine) présente un habitat plus évolué : la technique de construction est la même, mais les maisons, constituées d'une seule pièce, sont beaucoup plus grandes (8 × 8 mètres) et rectangulaires ; le sol de terre battue est souvent isolé par une jonchée de feuilles et de branchages. Au cours de la seconde phase d'occupation apparaissent des maisons ayant une cloison intérieure qui isole un espace de rangement. Aucun ordre ne semble présider encore à la disposition de ces hameaux primitifs ; sans doute certains étaient-ils déjà entourés de palissades de bois précédées d'un fossé.
Au Néolithique moyen (5500-4400 av. J.-C.) apparaissent des habitats plus structurés, surtout en Thessalie, où Sesklo connaît son apogée, avec la première fortification connue en Grèce. Les matériaux changent, le plan se complique : les maisons rectangulaires avec toit à double pente ont désormais des murs de briques crues isolés de l'humidité par un soubassement de pierre ; vers 4600 avant J.-C. apparaît le type de plan intérieur appelé mégaron, qui connaîtra une fortune extraordinaire, puisqu'on le retrouve à toutes les époques ultérieures de l'architecture grecque : la pièce principale, quadrangulaire, au centre de laquelle est établi le foyer creusé dans le sol, est précédée d'un vestibule largement ouvert sur l'extérieur par un portique à deux supports en bois.
Au Néolithique récent (4400-3000 av. J.-C.), les techniques de construction n'évoluent guère, mais l'organisation de l'espace reflète sans doute une société plus hiérarchisée : le sommet des collines de Dimini et de Sesklo est occupé par une vaste demeure formée d'un vestibule ouvrant au sud et de deux grandes pièces, dont la première, plus vaste, abrite le foyer. Des enceintes concentriques en pierre englobent sur la pente un habitat beaucoup plus modeste. Le niveau d'occupation le plus ancien de Troie (Troie I : env. 3500-2600) présente un caractère comparable : c'est une modeste forteresse de 100 mètres de diamètre, protégée par une muraille de terre à tours carrées, où l'on n'a repéré qu'un mégaron de forme allongée (mégaron). À cette architecture de plan simple s'oppose d'emblée la relative complexité des édifices crétois (niveau néolithique de Cnossos, sous la cour du palais), qui semblent tributaires de l'Orient.
La période du Bronze ancien[...]
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Écrit par
- Bernard HOLTZMANN : ancien membre de l'École française d'Athènes, professeur émérite d'archéologie grecque à l'université de Paris-X-Nanterre
Classification
Médias