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HABSBOURG

Le partage de l'empire des Habsbourg

Ce partage n'était qu'apparent, car tous ces royaumes sur lesquels le soleil ne se couchait jamais (et auxquels s'ajouteront après 1580 le Portugal et ses colonies d'Asie, d'Afrique et d'Amérique) restaient la propriété indivise de la famille dont le chef était le roi d'Espagne. Cependant, pour simplifier quelque peu les tâches de gouvernement, Charles Quint remit les royaumes les plus riches à son fils don Philippe (c'est-à-dire l'Espagne avec le Nouveau Monde, l'Italie et les Pays-Bas), tandis que son frère Ferdinand conservait les pays danubiens et obtenait la dignité impériale. Il y eut donc une branche allemande et une branche espagnole, étroitement unies, l'empereur restant l'allié, voire le subordonné de son parent de Madrid, de sorte que la diplomatie française considérait encore, au temps de Richelieu, la monarchie d'Espagne comme le véritable ennemi des intérêts français.

Cette alliance entre Vienne et Madrid se traduisait par une aide financière de l'Espagne à l'empereur et, bien souvent, par un appui militaire réciproque. Mais elle se manifestait surtout par une politique de mariages consanguins qui aboutit, à la fin du xviie siècle, à l'extinction de la branche aînée. L'historiographie classique a souvent blâmé ces mariages consanguins ; en fait, ils étaient d'usage courant chez tous les possédants, nobles ou roturiers, pour éviter le partage du patrimoine. Cette politique avait donc pour but de préserver la puissance et l'unité de la famille, tout en évitant les guerres. Elle aboutit finalement à la crise de succession qui préoccupa toutes les chancelleries européennes après 1660 et s'acheva, au début du xviiie siècle, par un conflit généralisé, la guerre de la Succession d'Espagne. La branche aînée s'éteignit sans héritier légitime après avoir apporté à l'Espagne deux siècles de gloire au cours desquels les Habsbourg, en dépit de leur origine étrangère, s'identifièrent de plus en plus à la nation castillane. Quel Espagnol a jamais considéré, en effet, Philippe II ou Philippe IV comme un prince allemand ?

Marie-Thérèse d'Autriche - crédits : Hulton Archive/ Hulton Royals Collection/ Getty Images

Marie-Thérèse d'Autriche

On sait que l'archiduc Charles, fils cadet de l'empereur Léopold Ier, ne parvint pas à se maintenir sur le trône d'Espagne et qu'il dut finalement céder la place à Philippe V, le petit-fils de Louis XIV. Les Habsbourg ne sauvèrent de la débâcle que quelques éléments de leur patrimoine : les Pays-Bas et les États italiens ; devenu l'héritier unique des deux branches en 1711, l'archiduc Charles eût en effet reconstitué à son profit l'empire de son ancêtre Charles Quint, ce dont ne voulaient à aucun prix ses alliés (en particulier la Grande-Bretagne). Devenu empereur sous le nom de Charles VI, il dut préparer sa propre succession, puisqu'il ne laissait qu'une fille unique, l'archiduchesse Marie-Thérèse. La vocation européenne des Habsbourg était terminée ; ils auront encore, il est vrai, la mission de faire vivre en bonne intelligence les multiples nationalités de l'Europe danubienne.

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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Médias

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme - crédits : Encyclopædia Universalis France

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme

Marie-Thérèse d'Autriche - crédits : Hulton Archive/ Hulton Royals Collection/ Getty Images

Marie-Thérèse d'Autriche

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