HADRIEN ou ADRIEN (76-138) empereur romain (117-138)
Les Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar ont éclairé naguère la grande figure de l'Empire romain que fut Hadrien (Publius Aelius Hadrianus) et lui ont donné l'audience d'un large public. De tous les souverains qui se succèdent à Rome sur le trône impérial, Hadrien est, avec Marc Aurèle, l'un des plus attachants, un de ces hommes d'État dont on peut dire qu'ils ont su incarner une époque et une nation, et, qui plus est, une nation universelle comme l'était Rome. Cousin de l'empereur Trajan, né à Italica en Bétique (Espagne méridionale), Hadrien est un provincial qui reconnaît que l'Empire ne se limite plus à la seule Rome ni à la seule Italie, mais qu'il est aussi formé de provinces et ouvert aux influences extérieures. L'Empire n'est plus une cité, mais un monde, il n'est plus une polis, mais une cosmopolis. Hadrien n'aura pas assez de toute sa vie pour traduire, dans ses curiosités et dans son gouvernement, la soif d'apprendre, de voir, de comprendre et d'aimer qui l'a saisi, lorsqu'il est venu à Rome, pour étudier le grec, la géométrie, la philosophie, la peinture et la sculpture. Non content de former son esprit aux diverses disciplines intellectuelles et artistiques, il pratique tous les sports, faisant sien l'adage mens sana in corpore sano : il nous apparaît comme un humaniste avant la lettre. Protégé par Trajan, on le retrouve tribun militaire en 95 en Pannonie, puis en Mésie. Questeur en 101, il est membre de l'état-major impérial lors des deux campagnes contre les Daces en 102 et en 106. Gouverneur de la Pannonie inférieure en 107, il est chargé par Trajan de composer les discours impériaux, marque d'honneur et d'amitié qui en fait un véritable « dauphin ». Il entreprend en 112 son premier voyage culturel à Athènes. C'est comme légat en Orient qu'il participe en 114, toujours avec Trajan, à une expédition contre les Parthes. Il est gouverneur de Syrie en 117, lorsque Trajan meurt après l'avoir adopté, lui laissant le trône, en dépit de la méfiance du Sénat et du complot dit « des quatre consulaires », promptement réprimé quelque temps après.
Entre 117 et 138, Hadrien séjourne rarement à Rome ; il visite l'Empire inlassablement. Par sa présence dans toutes les provinces, sur toutes les frontières, Hadrien confère vie et réalité à l'Empire qu'il incarne, il redonne courage aux armées romaines qui assurent la défense du limes. En Bretagne, en 122, il fait construire un retranchement à l'emplacement de l'actuelle frontière entre l'Angleterre et l'Écosse : le « mur d'Hadrien » relie, en effet, la Solway à l'estuaire de la Tyne. De 132 à 134, il doit réprimer le soulèvement des Juifs d'Aelia Capitolina, dirigés par Bar Kokhba. À l'intérieur, il rend la justice sur place, réforme la fiscalité, épure l'administration et confie aux chevaliers les « bureaux », naguère tenus par les affranchis.
Ce voyageur infatigable, après trois périples, revient à Rome, solitaire, ayant perdu son épouse et son favori Antinoüs, noyé dans le Nil. Hadrien se fait construire une villa à Tivoli où sont reproduits les monuments du monde hellénistique qu'il a le plus aimés : il peut rêver, en esthète, mélancoliquement, aux beautés créées par l'humanité. Mais son caractère s'est aigri. Souffrant d'une sorte de maladie de la persécution, il se croit entouré de conspirateurs et fait assassiner des sénateurs innocents. Mais il retrouve sa lucidité pour adopter, en 138, quelques mois avant sa mort, Antonin le Pieux (son mariage avec Sabine, fille d'une nièce de Trajan, était resté stérile). Il couronne son œuvre en faisant construire un tombeau grandiose, qui deviendra le château Saint-Ange.
Empereur habité par une[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Joël SCHMIDT : diplômé d'études supérieures d'histoire, directeur de collections historiques
Classification
Médias
Autres références
-
ANTONIN LE PIEUX (86-161) empereur romain (138-161)
- Écrit par Joël SCHMIDT
- 430 mots
Autant Hadrien est un voyageur infatigable, un esprit versé dans la connaissance de l'universalisme et du cosmopolitisme hellénistique, autant Titus Aurelius Fulvius Antoninus Pius, plus connu sous le nom d'Antonin le Pieux, qui lui succède en 138, apparaît comme un empereur tourné vers le passé,...
-
ARRIEN, lat. FLAVIUS ARRIANUS (105 env.-env. 180)
- Écrit par Joël SCHMIDT
- 361 mots
Historien et philosophe de nationalité romaine, mais d'origine et de langue grecques, Flavius Arrianus est né à Nicomédie, en Bithynie. Il fait de solides études de philosophie à Rome où il a pour maître Épictète dont la pensée et la culture auront une profonde influence sur l'empereur...
-
ATHÈNES
- Écrit par Guy BURGEL et Pierre LÉVÊQUE
- 16 998 mots
- 10 médias
Athènes végète quelque peu au ier siècle de notre ère, mais connaît une vive renaissance sous les Antonins, due aux efforts d'Hadrien et d'Hérode Atticus. -
AVÈNEMENT DE LA DYNASTIE DES ANTONINS - (repères chronologiques)
- Écrit par Xavier LAPRAY
- 345 mots
69 Vespasien clôt la guerre civile en fondant la dynastie des Flaviens ; ses deux fils, Titus et Domitien, lui succédent.
81 Mort de Titus et avènement du dernier empereur flavien : Domitien.
96 Domitien, qui depuis plusieurs années faisait régner la terreur au Sénat, est assassiné par son...
- Afficher les 15 références