HAECKEL ERNST HEINRICH (1834-1919)
Zoologiste allemand connu en particulier pour ses travaux sur les liens entre embryologie et évolution, Ernst Haeckel a joué un rôle considérable dans la pensée scientifique de la seconde moitié du xixe siècle, non seulement par les recherches qu’il a entreprises, mais aussi par son intense activité de diffusion des idées.
Un militant de la théorie de l’évolution et du matérialisme
Né à Potsdam le 16 février 1834, Ernst Heinrich Philipp August Haeckel étudie la médecine et les sciences naturelles à Berlin, notamment auprès de Johannes Müller, puis à Wurtzbourg auprès de Rudolf Virchow, et à Vienne. En 1858, il obtient un poste de lecteur en anatomie comparée à l’université d’Iéna. Il devient rapidement professeur de zoologie (1861) dans cette même université, où il enseignera jusqu’à sa retraite en 1909, dirigeant en outre un institut de zoologie. Tout au long de sa carrière, il participera à de nombreuses expéditions scientifiques, aussi bien en Europe qu’au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Asie.
Au cours de ses études, Haeckel est très marqué par l’influence de la Naturphilosophie,un courant de pensée très puissant dans l’Allemagne du début du xixe siècle, mettant l’accent, entre autres, sur l’idée de nature comme organisme global. Mais il est également séduit par le matérialisme de Virchow, un savant politiquement très engagé et hostile aux religions. Cette double influence le conduit à accepter très tôt l’idée d’évolution par sélection naturelle formulée par Charles Darwin en 1859. Il y voit en effet d’une part la grande théorie unificatrice qui manquait jusqu’alors à la biologie, et d’autre part l’instrument le plus efficace de ce qu’il nomme le « monisme » matérialiste, c’est-à-dire l’idée selon laquelle le monde est fondamentalement un et se réduit à la matière (contrairement au dualisme qui postule l’existence de deux principes, l’esprit et la matière). Il adopte ainsi un discours très radical, allant bien plus loin que Darwin lui-même, sur les implications philosophiques et pratiques du transformisme, estimant que la théorie de l’évolution donne une explication satisfaisante de l’apparition et de la diversification de la vie et permet de se passer du recours à un dieu créateur.
Haeckel ne cessera de militer avec beaucoup d’ardeur en faveur de ses idées. Auteur d’ouvrages de vulgarisation largement diffusés, réédités à plusieurs reprises et traduits en plusieurs langues, il joue un rôle déterminant dans la popularisation de la théorie de l’évolution en Allemagne et ailleurs, menant par la même occasion un combat acharné contre les religions, non seulement dans le milieu scientifique, mais aussi auprès d’un large public.
Son talent de polémiste n’est pas la seule raison de son succès. Haeckel séduit également ses lecteurs en promouvant une conception esthétique de la science. Excellent dessinateur, il orne ses ouvrages de planches magnifiques et va même publier un splendide recueil de lithographies représentant des êtres vivants dans des dispositions particulièrement élégantes, les « Formes artistiques de la nature »(Kunstformen der Natur, 1899-1904). Ces figures vont inspirer, dans une certaine mesure, l’Art nouveau.
Dans ses ouvrages, Haeckel crée un grand nombre de néologismes, et c’est lui qui emploie pour la première fois, en 1866, le terme « écologie » dans son sens actuel pour désigner la science des relations des organismes avec leur milieu.
Il s’éteint à Iéna le 9 août 1919, dans sa maison, la villa Medusa, aujourd’hui transformée en musée.
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Écrit par
- Stéphane SCHMITT : directeur de recherche au CNRS
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