ASSAD HAFEZ AL- (1930-2000)
Né en 1930 à Qardaha dans une famille alaouite, Hafez al-Assad, chef de l'État syrien de 1971 à 2000, adhère jeune au parti Ba'th, nationaliste arabe et socialiste, et effectue toute sa carrière au sein de l'armée. Passé par l'académie militaire de Homs et l'école de l'air d'Alep, il obtient le grade de lieutenant en 1955. Lors de l'union de la Syrie et de l'Égypte au sein de la République arabe unie (1958-1961), il est nommé au Caire où il est brièvement incarcéré en raison de ses activités politiques. De retour en Syrie en 1961, il dispose d'une influence croissante au sein de l'armée de l'air. Membre du comité militaire du Ba'th, il joue un rôle important dans le coup d'État ba'thiste de 1963, et occupe ensuite le poste stratégique de ministre de la Défense. La défaite militaire de la Syrie face à Israël en juin 1967 discrédite les radicaux qui dirigent le Ba'th. En rupture avec la ligne radicale du parti, Hafez al-Assad s'empare alors du pouvoir, le 16 novembre 1970, au terme d'un coup d'État qu'il qualifie de « mouvement de rectification ».
L'arrivée au pouvoir d'Hafez al-Assad est d'abord accueillie avec soulagement par la population syrienne, qui espère une ouverture politique. De fait, élu président de la République en mars 1971, Hafez al-Assad entreprend d'élargir le soutien au régime ba'thiste, crée le Front national progressiste qui associe plusieurs partis à l'exercice du pouvoir et prend des mesures de libéralisation économique afin de regagner la confiance de la bourgeoisie. La promulgation, en 1973, d'une nouvelle Constitution d'inspiration laïque suscite cependant l'exacerbation des tensions confessionnelles. La présence de nombreux officiers alaouites aux postes militaires et civils les plus stratégiques nourrit le ressentiment de la majorité sunnite contre le régime d'Hafez al-Assad. La crise politique s'aggrave après l'engagement de la Syrie dans la guerre du Liban, les Frères musulmans intensifiant leurs attaques contre les institutions et les cadres du régime. Alors que la contestation s'élargit et que la société civile réclame davantage de libertés, le soulèvement de Hama, en 1982, est réprimé par le régime, au prix de la destruction de la ville et de 10 000 morts. Ayant ainsi vaincu son opposition, Hafez al-Assad doit encore contenir les ambitions de son frère Rifaat qui, profitant de sa maladie, tente de le destituer en 1983. Alors qu'aucune dissidence ne peut plus s'exprimer en Syrie, la dégradation de la situation économique nourrit en outre une grave crise sociale à partir de 1986. Des mesures de détente sur le plan politique et de libéralisation sur le plan économique sont cependant prises à partir de 1991, qui permettent à la Syrie de sortir de ces années de plomb.
Si Hafez al-Assad est longtemps le champion du « front du refus » face à Israël, remportant un certain succès politique lors de la guerre d'octobre 1973, il fait surtout preuve d'un grand pragmatisme et tire le meilleur parti de la situation régionale pour préserver les intérêts essentiels de la Syrie. Allié de l'Iran contre l'Irak, il n'en a pas moins le soutien financier des monarchies pétrolières. Par la suite, il rejoint la coalition alliée anti-irakienne en 1991, sortant la Syrie de son isolement diplomatique et obtenant la reconnaissance de son influence au Liban. S'engageant avec prudence dans des négociations avec Israël, il exige une restitution sans condition du plateau du Golan. Le retrait israélien du Liban-Sud le prend cependant de court en mai 2000, les négociations étant gelées et la signature d'un accord de paix encore improbable.
Se sachant malade, Hafez al-Assad prépare tôt sa succession à la tête de l'État, pour laquelle[...]
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Écrit par
- Sakina BOUKHAÏMA-BONNE : doctorante en science politique (université d'Aix-Marseille-III, Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence), chargée de mission à la Délégation aux affaires stratégiques
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