ḤĀFIẒ DE CHĪRĀZ (1320 env.-env. 1389)
S'il est vrai que des affinités de pensée lient étroitement les écrivains majeurs d'un pays et le peuple auquel ils appartiennent, Ḥāfiẓ peut être considéré comme un exemple particulièrement remarquable à cet égard dans la littérature persane.
Au mépris des contraintes religieuses et sociales qui sévissaient à cette époque de fanatisme et d'obscurantisme virulents, où les moindres écarts aux conventions établies dans la société étaient taxés d'hérésie, cet « interprète des mystères » – pour reprendre l'expression de Djāmī, le dernier grand poète de l'époque classique persane – a su sentir et exprimer, mieux qu'aucun autre, l'esprit et l'âme des Iraniens. C'est sans doute en raison du talent avec lequel il interprète les sentiments populaires qu'il a gardé, à travers les siècles, une aussi large audience ainsi qu'une autorité incontestée auprès de ses compatriotes, mais aussi dans tout le monde oriental.
Exégète du Coran
Né à Chīrāz dans la première moitié du xive siècle, Khādje Shams al-Dīn Muḥammad, plus communément connu sous le pseudonyme de Ḥāfiẓ (« celui qui connaît le Coran par cœur »), est l'une des plus brillantes figures de la poésie lyrique persane. Avec Sa‘dī et Firdowsī, c'est l'un des trois poètes unanimement reconnus comme les plus illustres de l'Iran.
On connaît mal sa jeunesse. Ses poèmes nous apprennent qu'il aima passionnément sa ville natale où, exception faite de brefs séjours à Yazd et à Ispahan, il passa toute sa vie.
Après de brillantes études en langue et littérature arabes et en théologie, il se mit à enseigner ces matières ainsi que l'exégèse coranique dans une madrase (école) de Chīrāz. Il ne connut sa véritable renommée littéraire qu'à partir de 1368, année durant laquelle il rassembla ses poésies en un Dīvān. Dès lors, son talent littéraire fut apprécié non seulement à Chīrāz, où il jouissait déjà d'un certain prestige, mais dans d'autres régions de l'Iran dont les princes cherchèrent à l'attacher à leur cour en lui offrant présents et hospitalité. Les noms de quelques-uns de ces mécènes : Abou Isḥāḳ Īndjou, et surtout Shāh Shodjā‘, sont cités dans son œuvre.
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Écrit par
- Mohammad Hassan REZVANIAN : docteur d'État ès lettres, professeur de littérature comparée aux universités de Téhéran, traducteur-expert auprès de la cour d'appel de Paris
Classification
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