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IBRĀHĪM ḤĀFIẒ (1872-1932)

Poète et officier égyptien. Ayant perdu son père à l'âge de quatre ans, Muḥammad Ḥāfiẓ Ibrāhīm est recueilli par son oncle maternel qui vit à Tantah, en basse Égypte. Il fréquente les cours donnés à la mosquée al-Aḥmadi, découvre la poésie arabe classique, notamment celle de l'époque ‘abbāside. Au Caire, il s'inscrit à l'École militaire. À la fin de ses études, il est nommé officier au Soudan oriental. Peu attiré par la carrière militaire, il se démet de ses fonctions et rentre au Caire en 1906. De 1911 à 1932, année de sa mort, il occupe le poste de chef de la section littéraire de la Bibliothèque nationale (Bibliothèque khédiviale, aujourd'hui Dār al-Kutub). Comme al-Bārūdī, Ḥāfiẓ Ibrāhīm s'est pénétré de l'exemple des écrivains classiques. Ḥāfiẓ Ibrāhīm se distingue cependant de lui par ses préoccupations sociales et par son engagement politique. On l'a appelé à juste titre le Poète du Nil parce que son œuvre exprime avec bonheur les aspirations du peuple et les événements marquants de la nation et de la communauté arabe. Sensible à la misère humaine, il excelle à exprimer les sentiments d'inquiétude, de souffrance et de détresse. C'est probablement par sympathie pour les pauvres gens qu'il a traduit une partie des Misérables. Disciple du grand réformateur le sheikh Muḥammad ‘Abduh, il prône à la fois le retour aux sources et l'adoption de la science et de la technique occidentales : c'est pourquoi il salue l'ère de la machine et exalte le rôle de la banque. Il veut également que son pays suive l'exemple du Japon qui, tout en sauvegardant ses valeurs séculaires, a assimilé la science occidentale et infligé une écrasante défaite à la Russie (1904).

Tout en parvenant à toucher le peuple, l'œuvre de Ḥāfiẓ Ibrāhīm a trouvé un accueil très favorable auprès de l'élite arabe.

— Sayed Attia ABUL NAGA

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Écrit par

  • : docteur ès lettres (Sorbonne), agrégé de l'Université, interprète à l'O.N.U., Genève

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