HAGOPIAN HAGOP (1945 env.-1988)
Né Bédros Ovanessian, peut-être en 1945, à Bagdad dans la petite communauté arménienne d'Irak, Hagop Hagopian était marié à une Yougoslave et père d'une petite fille âgée de quelques mois lorsqu'il fut abattu dans la banlieue sud d'Athènes le 28 avril 1988. Dans les années 1960, une partie de sa famille serait venue s'installer à Beyrouth où résidaient de très nombreux Arméniens.
À partir de cette époque, son identité n'a cessé de changer : Abou Moudjahid lorsqu'il militait très jeune avec les Palestiniens, Hagop Hagopian en tant que chef de l'Asala (Armée secrète arménienne pour la libération de l'Arménie), Mirhan Mirhanian ou Vraham Vrahamian quand il jouait les porte-parole masqués de son organisation, Mujahed ou Maître pour ses militants, qui devaient obligatoirement s'adresser à lui de la sorte, et enfin Henri Titizian, homme d'affaires libano-arménien, ou Abdul Mohammed Kashim, diplomate sud-yéménite durant sa clandestinité hellénique.
Au début des années 1970, il milite au C.O.S.E.-F.P.L.P. (Commandement des opérations spéciales à l'étranger-Front populaire de la libération de la Palestine) dirigé par Waddi Haddad et supervisé par Georges Habache, tous deux chrétiens d'Orient comme lui. Waddi Haddad est le responsable des massacres de Lod et de Vienne, des détournements d'avions sur Entebbe et Mogadiscio ; une quarantaine d'attentats sanglants en tout. Mais en 1972, Georges Habache met sur la touche cet extrémiste et l'exclut définitivement en février 1976.
« Orphelin », déçu par les querelles interpalestiniennes, Hagop Hagopian se replie sur la communauté arménienne de Beyrouth qui est en pleine évolution. L'exemple palestinien et les prodromes de la guerre civile libanaise tirent les diasporas arméniennes de leur apathie. La lutte armée contre la Turquie revient à l'ordre du jour. En 1973, le Comité central mondial du parti Dashnak (le plus important de la diaspora) fonde les commandos des justiciers du génocide arménien. À la même époque, le petit H.A.G. (Comité national arménien) parle de maquis en Anatolie.
Intéressé par le renouveau de la pensée arménienne, Hagop Hagopian, avec son jeune ami Hagop Darakjian et quatre intellectuels communistes, fonde l'Asala en janvier 1975. Le 20 janvier, l'Asala place une bombe dans les locaux du Conseil mondial des Églises à Beyrouth et le 17 septembre elle annonce officiellement sa naissance auprès du bureau de l'A.F.P. à Athènes. En dix ans elle va perpétrer un peu moins d'une centaine d'attentats. À l'époque, Hagop Hagopian place son groupuscule sous la protection du Front de la lutte populaire pour la Palestine, minorité pro-syrienne de l'O.L.P. d'alors, dirigée par Samir Ghocha alias Abou Samir. Ce dernier offre à l'Asala le septième et dernier étage de son quartier général à Beyrouth. Mais le F.P.L.P. est à la recherche des anciens séides de Waddi Haddad passés à la concurrence.
Hagop Hagopian doit alors quitter le Liban et il n'y revient qu'en 1977. En septembre 1979, on le retrouve dans les coulisses de l'hôtel Nikko à Paris où se déroule le premier congrès mondial arménien. Cherchant à recruter, il tombe sur un rival proche du Fath et du Baas irakien, Harno Moskovian, dirigeant du squelettique Front de libération de l'Arménie occidentale. De crainte de se faire ravir les subsides soviétiques et palestiniens, Hagopian tente de le faire assassiner à Paris en mars 1982, puis renouvelle la tentative de ses propres mains à Beyrouth deux mois plus tard. Devant ses échecs, il se venge sur un ami de Moskovian, l'aveugle Nishan tué de trente-cinq balles de revolver ainsi que sur un modéré de l'Asala : Sarkis Kiulkhandjian, alias Khomeini. Il utilisera le corps de ce dernier pour reproduire une mise en scène macabre déjà utilisée[...]
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Écrit par
- Christophe CHICLET
: docteur en histoire du
xx e siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revueConfluences Méditerranée
Classification
Autres références
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MELKONIAN MONTE (1957-1993)
- Écrit par Christophe CHICLET
- 674 mots
Monte Melkonian est né le 25 novembre 1957, à Visalia, entre Los Angeles et San Francisco. Sa famille est arrivée aux États-Unis avant le génocide arménien de 1915 et ne cultive guère le souvenir de la maison des morts. D'ailleurs, les quatre enfants Melkonian reçoivent une éducation en langue anglaise....