HAÏTI
Nom officiel | République d'Haïti (HT) |
Chef de l'État | Le Conseil présidentiel de transition (depuis le 25 avril 2024) |
Chef du gouvernement | Garry Conille (par intérim depuis le 12 juin 2024) |
Capitale | Port-au-Prince |
Langues officielles | Créole haïtien, français |
Unité monétaire | Gourde (HTG) |
Population (estim.) |
12 436 000 (2024) |
Superficie |
27 065 km²
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Histoire
La république d'Haïti occupe la partie occidentale de l'île Hispaniola, un territoire qui a été, jusqu'en 1804, colonie française sous le nom de Saint-Domingue. L'histoire d'Haïti est ponctuée de séquences sanglantes (révoltes des esclaves, massacre de Dessalines en 1804, fin de la partition de l'île en 1844, etc.). Les Haïtiens d'aujourd'hui ne sont pas les descendants directs des premiers habitants, mais les héritiers sans testament d'un territoire sans maître depuis la disparition brutale des premiers insulaires. Par son indépendance précoce et la vitalité exemplaire de sa culture, Haïti occupe dans la Caraïbe insulaire une place à part.
La découverte et la colonisation espagnole
Comme dans le reste des Antilles, les premiers habitants étaient des populations d'origine sud-américaine, venues du bassin de l'Orénoque et des Guyanes vers 5 500 avant J.-C., qui ont progressivement colonisé les îles. Ils sont arrivés par vagues successives : d'abord les Ciboney, jusqu'au ier siècle avant J.-C, puis, vers 700, les Taïno, peuple connaissant la céramique, l'agriculture (tabac, manioc, maïs, coton), la sculpture, le tissage. Ils vivaient d'agriculture et habitaient dans des hameaux constitués d'ajoupas (maisons basses faites de planches recouvertes de chaume) rudimentaires, faciles à démonter mais stables. L'aire de civilisation taïno s'étend de Porto Rico aux Lucayes (actuelles Bahamas). Les champs, conucos, cultivés avec soins, n'avaient pas besoin de clôture, car il n'y avait pas d'herbivores pour menacer les récoltes. Les Taïno refoulent vers l'Ouest les Ciboney et mettent en place un système social de type monarchique fondé sur la division en territoires ou caciquats, avec à leur tête un cacique, à la fois prêtre et monarque héréditaire, dont l'autorité repose sur une division des sujets selon les lignages. L'art des Taïno est particulièrement raffiné (sculptures trigonolithes, en pierre à trois pointes, figurant une divinité, un ancêtre, duhos [sièges honorifiques] en acajou sculpté, zémis [idoles et divinités] en pierre polie), témoignant d'une organisation solide du corps social et d'une stabilité réelle de l'encadrement. Les Taïno appelaient eux-mêmes leur île Kiskeya ou Ayiti, qui est alors divisée en cinq royaumes bien distincts : le Magua, dans le nord-est, le Marien dans le nord-ouest, le Xaragua dans le sud-ouest, le Maguana dans le centre et le Higüey dans le sud-est. Même divisés en cinq entités politiques distinctes, les caciques au pouvoir lors de l'arrivée des Espagnols (respectivement Guarionex, Guacanagari, Bohéchio, Caonabo et Cotubanama) se réunissent dans l'urgence de la bataille pour rassembler leurs forces. Chaque cacique est assisté d'une cour, sorte de conseil des anciens, gardien des traditions et des lois.
Enfin, vers le ixe siècle, les Karibs, peuple venu des Guyanes, conquièrent progressivement les petites Antilles en chassant les Taïno. Les Karibs sont cannibales et terrorisent leurs ennemis. Leurs équipées sanglantes contre les Taïno contribuent à fragiliser les défenses de ceux-ci contre les attaques autrement décisives des conquistadores.
Arrivés dans l'île le 5 décembre 1492, les Espagnols sont reçus avec des égards. En effet, le cacique du Marien, Guacanagari, croyant pouvoir utiliser les forces espagnoles pour contenir les poussées des Karibs, fait tout pour s'attacher la sympathie des Européens. Mais les Espagnols jouent des dissensions entre les peuples insulaires pour asseoir leur domination, s'emparer des terres, de l'or, des femmes. Ils se dirigent vers le Marien, et, de là, attaquent le Maguana. Les Espagnols réduisent en esclavage les indigènes, confondus sous le vocable générique[...]
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Écrit par
- Jean Marie THÉODAT : agrégé de géographie, maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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