HALOPHYTES
Les associations d'halophytes
Les halophytes sont représentées par de très nombreuses algues et par quelques espèces appartenant aux autres groupes végétaux. Dans les milieux salés, en dehors des Algues (cf. algues, océan et mers), seules les Phanérogames appartenant à quelques familles (Chénopodiacées, Plombaginacées, Graminées, Composées, Crucifères) forment des ensembles importants et caractéristiques dont on étudiera quelques exemples.
À la limite inférieure des basses mers se développent sur substrat sablo-vaseux les prairies de zostères. Le long des littoraux envasés et soumis aux marées s'observent des auréoles de végétation. Ainsi, dans les régions tempérées, en allant de la limite des marées hautes de morte-eau à celle des hautes mers d'équinoxe, on rencontre successivement :
– une population végétale ouverte, c'est-à-dire formée de touffes (salicornes ou spartine) ne couvrant pas la totalité du sol ;
– un tapis continu dominé par l'obione, mais dans lequel on trouve quelques pieds de salicornes et de spartines ;
– une véritable prairie salée formée par une graminée (Puccinellia maritima) accompagnée par des espèces variées dont certaines ne se trouvent que dans les points les plus humides (Triglochin maritimum) alors que d'autres (Festuca arenaria) caractérisent les endroits secs.
Sous le climat tropical et subtropical, ces vases salées balayées par les marées sont occupées par une formation arborescente : la mangrove. Celle-ci est formée par de petits arbres, les palétuviers (Rhizophora Avicennia) présentant des semences qui commencent à germer avant de tomber (phénomène de viviparie), des tiges feuillées non charnues et des racines dont les tissus internes sont en communication avec l'atmosphère grâce à un système plus ou moins compliqué de lacunes aérifères aboutissant à de larges lenticelles.
Les sables littoraux, lorsqu'ils ne sont pas envahis par l'eau salée, constituent un milieu relativement sec où s'installent de préférence des associations d'aérohalophytes. Sur les parties sableuses des côtes occidentales d'Europe, on peut typiquement définir :
– les hauts de plage correspondant à la limite des plus hautes mers et peuplés par quelques pieds de divers Atriplex, de Cakile et de Salsola ;
– les dunes embryonnaires, petits amas de sable constamment modifiés par le vent et quelque peu consolidés par une graminée du genre Agropyrum ;
– les dunes mobiles constamment soumises à un décapage ou à un ensablement et domaine d'une graminée, l'oyat ;
– les dunes fixées échappant à l'ensablement et au décapage, ce qui permet l'installation de mousses (Tortula ruraliformis) et de nombreuses espèces de Phanérogames (Armeria, Lagurus, Mibora minima, Veronica spicata).
Enfin à l'intérieur des terres, au bord des lacs et sources salés, dans les zones désertiques où l'évaporation est plus importante que le lessivage (solontchak de l'Asie, chott et sebkha sahariens, salt-pans australiens) s'observent des ensembles très variés liés au climat, à la diversité des sols (argileux, sableux, rocailleux) et à la nature des sels présents dans ces sols (chlorures, sulfates, carbonates). Il est remarquable que sur sol chloruré on retrouve comme sur le littoral de nombreuses espèces succulentes alors que les plantes développées sur milieux sulfatés présentent toutes des organes non charnus souvent fortement lignifiés (type Frankenia).
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Écrit par
- Paul BINET : professeur à la faculté des sciences de Caen.
Classification
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