HAMILCAR BARCA (env. 290-229 av. J.-C.)
Appartenant vraisemblablement à la haute aristocratie carthaginoise, Hamilcar Barca est envoyé, en ~ 247, au cours de la première guerre punique, en Sicile par les adversaires de la guerre à outrance afin de poursuivre les opérations avec des moyens réduits. Il s'illustre au cours de raids maritimes et terrestres. En ~ 241 la paix est signée et Hamilcar rentre dans l'anonymat. Mais lorsque les mercenaires mal payés se révoltent et menacent Carthage, les classes populaires exigent le rappel d'Hamilcar. Il réussit l'exploit de surprendre l'ennemi près d'Utique après une marche forcée le long du rivage et parvient ensuite à l'anéantir en l'attirant au fond du défilé de la Scie. Fort de l'appui des classes populaires et de l'armée, il impose les réformes politiques suivantes vers ~ 237 : la compétence de l'assemblée populaire est élargie, le pouvoir exécutif des comités permanents recrutés par les gérontes est transféré à des magistrats élus pour un an par cette assemblée. C'est alors peut-être que les deux sufètes désignés démocratiquement deviennent les chefs civils de la république carthaginoise. Mais la réalisation des projets d'Hamilcar exige une continuité incompatible avec le renouvellement annuel des magistrats, une liberté de manœuvre que ne lui laissent pas ses adversaires politiques et des ressources financières que Carthage n'a pas ; aussi décide-t-il de se tourner vers le sud de l'Espagne, riche en or et en argent, et où les Phéniciens ont installé leurs comptoirs dès l'aube du Ier millénaire. Le coup de force de Rome sur la Sardaigne en ~ 238 va exaspérer l'exaltation patriotique d'Hamilcar qui fait alors jurer haine éternelle contre Rome au petit Hannibal âgé de neuf ans. Hamilcar part ensuite s'installer à Gadès ; en ~ 235, il contrôle la région minière, l'argent extrait est divisé en trois parts, l'une est envoyée à Carthage, l'autre donnée aux magistrats de la ville, avec le reste Hamilcar frappe monnaie à son nom. Après neuf ans de luttes armées incessantes, Hamilcar réussit à faire naître un État indépendant régi par lui. Il donne pour fondement à son autorité l'idéologie charismatique des princes qui ont succédé à Alexandre, adaptée aux croyances des Puniques. Hamilcar trouve la mort au cours d'une bataille dans les eaux du Jucar en crue. L'État barcide s'étend alors sur tout le sud de la péninsule Ibérique, jusqu'au cap de la Nao. Hasdrubal va poursuivre l'œuvre de son beau-père.
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Écrit par
- Gilbert-Charles PICARD : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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