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HAN YU (768-824)

Homme politique, écrivain, poète, penseur, Han Yu joua un rôle important dans l'histoire de la littérature chinoise dans la dernière période de la dynastie des Tang (618-907). Son mouvement de réforme de la prose chinoise se présente comme un retour à l'antique, qui n'est pas un retour en arrière. Les aspects divers de sa pensée, de sa personnalité, la richesse de son œuvre font de lui d'autre part un des modèles typiques du « lettré » chinois.

La libération par l'Antique

Le nom de Han Yu est étroitement lié au « mouvement de la prose antique » (guwen yundong), dont il fut le chef de file et le propagandiste le plus éloquent. Ce mouvement s'insurgeait contre la littérature formaliste et raffinée qui s'était élaborée sous les Six Dynasties, et préconisait un retour au naturel et à la sobriété des modèles anciens, c'est-à-dire la prose simple et robuste des philosophes et des historiens jusqu'à la fin des Han. À la différence de ses prédécesseurs qui n'étaient que des théoriciens, Han Yu était avant tout un écrivain, et s'il réussit à imposer le courant nouveau, c'est principalement parce qu'il sut l'illustrer de façon convaincante dans ses propres créations littéraires.

Le terme de « prose antique » ne doit pas abuser : loin de constituer un retour à des formes périmées, il s'agissait en fait d'un développement original de la langue littéraire. Celle-ci s'était figée dans le carcan de la « prose parallèle » (pian wen) dont les règles très exigeantes aboutissaient à la fabrication d'une sorte d'orfèvrerie verbale et interdisaient l'expression naturelle et aisée d'un contenu vivant. Par opposition à ce formalisme arbitraire, Han Yu prisait chez les prosateurs des Qin et des Han leur tour direct, leur spontanéité et surtout cette idée fondamentale que l'écriture n'est pas un jeu gratuit, mais qu'elle a une fonction morale et pratique de communication et d'enseignement. Ce qu'il faisait ressortir, c'était donc l'attitude des Anciens à l'égard du langage plutôt que leur langage même. Sur le plan des formes, il estimait en effet que l'écrivain devait hardiment se débarrasser de toutes les images reçues et se forger une langue originale.

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Écrit par

  • : reader, Department of Chinese, Australian National University

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