EISLER HANNS (1898-1962)
Compositeur allemand d'origine autrichienne, né à Leipzig, Eisler devient en 1919 élève d'Arnold Schönberg, tout en prenant — témoignage de ses convictions socialistes — la direction des chœurs de travailleurs Stahlklang et Karl Liebknecht. Lauréat du prix musical de la ville de Vienne en 1924, il s'établit l'année suivante à Berlin, où il devient critique de la Rote Fahne. En 1924, il dédie à Schönberg sa Sonate pour piano op. 1, mais ne tarde pas à se heurter violemment à lui : partisan de l'art engagé, il considère comme profondément réactionnaire la vision sacrale de l'art et de l'artiste que conserve son ancien maître. Après les Six Lieder op. 2 et les Pièces pour piano op. 3, son attitude nouvelle se manifeste en particulier dans les Coupures de journaux (Zeitungsausschnitte) op. 11, qui font front contre le pathos et le lyrisme à la fois. En tant que compositeur de chansons politiques plus ou moins imprégnées de jazz, il entre en contact avec Brecht et inaugure avec lui en 1929 une collaboration qui ne cessera qu'à la mort du poète en 1956 : outre diverses musiques de scène, la manifestation essentielle en est sans doute la « pièce didactique » La Mesure (Die Massnahme) op. 20. Émigré aux États-Unis en 1937, il y écrit beaucoup de musique de film et publie, en collaboration avec T. W. Adorno, un ouvrage essentiel, synthèse de ses expériences en la matière : Musique de cinéma (Composing for the Films, 1947). De cette période date aussi la Symphonie allemande (Deutsche Symphonie, 1937) op. 56, sur des textes de Brecht. De retour en Europe, il se fixe en 1950 à Berlin-Est, où il dirige une classe supérieure de composition à l'Académie des beaux-arts, et où il meurt après s'être consacré essentiellement à la musique « prolétarienne » vocale. Il est l'auteur de l'hymne national de la République démocratique allemande.
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Écrit par
- Marc VIGNAL : musicologue, journaliste
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