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ANDERSEN HANS CHRISTIAN (1805-1875)

Voyages et amours

1830 marque un tournant décisif dans la vie d'Andersen. C'est le début d'innombrables voyages et de ses malheureuses amours. Il obtient une bourse et visite l'Allemagne et la Suisse comme on faisait en ce temps-là : lentement, posément, en quête d'hommes et d'histoires. Cela nous vaudra un recueil, Images d'un voyage dans le Harz et la Suisse saxonne... pendant l'été 1831 (Skyggebilleder af en Rejse til Harzen og det sachsiske Schweitz... i Sommeren 1831), qui révèle son talent d'observation, sa passion pour les antiquités légendaires, un sens très sûr du trait qui cerne les paysages et campe les personnages, ainsi qu'une sympathie instinctive pour le petit peuple. La manière qui lui restera propre est déjà trouvée. Le premier recueil de Poèmes (Ditge, 1830) ainsi qu'un volume de Fantaisies et Esquisses (Phantasier og Skizzer, 1831) ont été reçus assez froidement par la critique. Et quant aux amours, c'est la même douce-amère. L'élue a été Louise, fille de J. Collin. Elle a dû juger Hans Christian trop falot avec sa figure maigre et ses contradictions. Plus tard, la belle Jenny Lind, le célèbre « rossignol du Nord », ne saura pas davantage répondre à ses élans. On soupçonne bien un peu de complaisance romantique dans ce rôle de mal-aimé, mais ce serait injuste que de faire d'Andersen un lunaire : peut-être, simplement, était-il trop préoccupé de l'image qu'il donnait de sa personne pour avoir osé se livrer tel qu'en lui-même...

Après un mince recueil de vers, Vignettes adressées à des poètes danois (Vignetter til danske Digtere, 1832), paraît enfin, la même année, sa première grande œuvre poétique : Les Douze Mois de l'année (Aarests tolv Maanader), livre qui porte terriblement sa date, mais où la mièvrerie et le conventionnel laissent percer une attention toute scandinave aux grâces de la nature.

Nouvelle bourse de voyage en 1833, cette fois pour la France et l'Italie. Ce sera le coup de foudre. Rome surtout, où il reviendra souvent et où, sans doute, il découvre, à travers la lumière dorée du Sud, les splendeurs d'une vie qu'il avait tendance à estomper dans les brumes nordiques. C'est Paris qui lui fournit l'idée de son premier grand poème dramatique Agnès et le Triton (Agnete og Havmanden), qu'il terminera au Locle, en Suisse, et fera jouer à Copenhague sur une musique de J. P. E. Hartmann, sans grand succès il est vrai. En revanche, c'est Rome qui servira de cadre à son premier roman, son premier chef-d'œuvre aussi sans doute, L'Improvisateur (1835), dont le succès est très grand puisqu'il sera traduit presque aussitôt en allemand, en italien et en français (par Mme Lebrun en 1837). Désormais, le voilà connu. L'Improvisateur est une autobiographie à peine voilée, un livre vivant, original, sensible, qui supporte encore aujourd'hui la lecture, peut-être à cause du ton intimiste et de ce mélange caractéristique de satisfaction de soi et d'imploration humble, de ce côté « M'aimez-vous ? M'aimez-vous bien ? » qui, chez Andersen, rappelle toujours un peu Mozart enfant. Toutefois, ce roman porte sa date, lui aussi, et n'évite ni la sensiblerie, ni le bavardage, ni les fadeurs de la Bibliothèque rose. Ce qu'on y cherche de nos jours, ce sont les belles images de la nature méridionale et de la vie du petit peuple italien, qui l'illustrent.

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Écrit par

  • : professeur émérite (langues, littératures et civilisation scandinaves) à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Média

Hans Christian Andersen - crédits : Collection privée

Hans Christian Andersen

Autres références

  • CONTES, Hans Christian Andersen - Fiche de lecture

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    • 758 mots

    Les Contes d'Andersen (1805-1875) sont le type même de l'œuvre universelle : il s'agit de l'un des ouvrages les plus lus au monde, et il faut gager que l'on n'est pas près d'en percer le secret. Andersen, écrivain danois sorti du plus bas peuple mais bénéficiaire d'un destin exceptionnel, se voulait...

  • DANEMARK

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    ...arbitre officiel du goût et auteur de vaudevilles amusants, ou Henrik Hertz (1798-1870). La nouvelle est représentée par Steen Steensen Blicher (1782-1848). Mais le primat revient à Hans Christian Andersen (1805-1875). On ignore en général qu'il s'est également intéressé au théâtre, au roman, au récit de voyage...