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KRÁSA HANS (1899-1944)

Le compositeur tchèque Hans Krása naît à Prague le 30 novembre 1899 d'un père tchèque (avocat) et d'une mère germanophone d'origine juive. Troisième des cinq enfants de cette famille aisée de l'intelligentsia pragoise, il manifeste des dons musicaux exceptionnels, tout comme sa sœur Marie (Mitzi), qui fera une carrière de pianiste. Dès l'âge de six ans, il suit les cours de l'école de piano Theresia-Wallerstein. Pour ses dix ans, son père lui achète un violon signé Amati et lui fait prendre des cours auprès de Frankenbusch, le Konzertmeister du Deutsches Landstheater. Il s'essaie en même temps à la composition, sous l'influence tout d'abord de Mendelssohn, de Schumann et de Liszt. Ensuite, Krása découvre Mahler et les premières partitions de Schönberg, se passionne pour la littérature française – Pascal, Stendhal, Verlaine – puis pour les romans de Dostoïevski. Aussitôt ses études secondaires terminées, il s'inscrit à l'académie allemande, où il suit les cours du compositeur et chef d'orchestreAlexander von Zemlinsky, qui devient son mentor. Il présente au jury du concours de sortie les Quatre Chants avec orchestre op. 1 d'après les Chants de la potence de Christian Morgenstern (créés à Prague, le 21 mai 1921, sous la direction de Zemlinsky). Devenu un compositeur en vue, il part en tournée à l'étranger, en particulier en France, où il remporte un vif succès, d'abord avec Marche et Pastorale extraites de sa Symphonie (24 avril 1923), puis, surtout, avec son Quatuor à cordes, applaudi par la critique, Roland-Manuel écrivant à son propos : « Son univers magique est entièrement dominé par l'esprit de la poésie ironique, qui tourne parfois en ridicule son propre pouvoir de fascination. » Émile Vuillermoz n'hésite pas à ranger son auteur parmi les jeunes maîtres du temps, Schönberg, Webern et Bartók. Sa renommée internationale atteint son apogée avec la création de la version intégrale de sa Symphonie (festival 1926 de la Société internationale de musique contemporaine – S.I.M.C. – à Zurich, le 19 novembre, avec le Boston Symphony Orchestra sous la direction de Serge Koussevitzky). Krása rédige ses Cinq Mélodies pour voix et piano, sous l'influence du Stravinski parisien et de Poulenc. Lorsque Zemlinsky quitte Prague pour Berlin en tant que directeur musical de la Staatsoper, Krása le suit, lui sert d'assistant et dirige à la Kroll Oper. Il s'inscrit à la Musikhochschule, mais est déçu par l'enseignement traditionnel qui y est dispensé. Il préfère se rendre à Paris pour travailler auprès d'Albert Roussel ; il rentre pourtant à Prague après seulement quelques mois de séjour dans la capitale française. Il compose, en 1932, son unique cantate, Die Erde ist des Herrn (« La Terre est celle du Seigneur »). L'année suivante, George Szell, le successeur de Zemlinsky au Deutsches Landestheater, le prend comme assistant et monte son opéra Verlobung im Traum (« Fiançailles rêvées », d'après Le Rêve de l'oncle, de Dostoïevski), donné à la radio en mars 1933 et, sur scène, le 21 mai. Il reçoit pour cet ouvrage le prix d'État 1933 au grand dam de ses collègues tchèques qui ne le considèrent pas comme un des leurs, mais comme un esthète cosmopolite, « né coiffé » et peu travailleur. Krása passe l'essentiel de ses journées auprès d'acteurs, d'artistes et d'écrivains, en particulier de langue allemande, et ses nuits dans les night-clubs. Il fait la connaissance d'un décorateur et dramaturge tchèque, Adolf Hoffmeister, qui fait la une de l'anti-hitlérisme avec ses décors, « Carte drolatique de l'Europe », en deux versions à l'évolution sinistrement cocasse pour les pièces César puis L'Envers et l'Endroit, suivis de ceux du [...]

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