Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ROSENPLÜT HANS (1400/1405 env.-env. 1470)

Grâce aux archives, la vie de Hans Rosenplüt, surnommé « Le Bavard » (Schnepperer), se laisse à peu près reconstituer. Il naît entre 1400 et 1405, sans doute à Nuremberg ; en 1426, il devient citoyen régulier de cette ville libre où il exerce, dès 1427, le métier de maître sellier. En 1431 il participe à la guerre contre les Hussites et, vers 1440, il reçoit une charge d'inspecteur de l'artillerie de la place (Büchsenmeister). On suppose qu'il est mort vers 1470.

Autodidacte ayant beaucoup lu mais ignorant le latin, Rosenplüt est un écrivain prolifique même si écrire est, pour lui, une occupation secondaire d'où il tire quelques revenus. Son renom est dû à sa verve satirique qui tire parfois sur le grotesque. Bien que les problèmes d'attribution des pièces qui nous sont parvenues ne soient pas tous résolus — Rosenplüt ne signe pas tout ce qu'il écrit et d'autres auteurs se sont appropriés quelques-unes de ses œuvres —, ses ouvrages se répartissent ainsi : 1o onze facéties (Schwänke), dont deux d'attribution douteuse ; 2o quelques histoires à sujet religieux, dont Le Sage Fou, L'Impératrice de Rome et Le Roi au bain ; 3o treize discours didactiques, temporels et spirituels, dont : Le Monde, La Confession, La Guerre des femmes et La Femme et le Prêtre ; 4o six discours politiques et témoignages sur des événements historiques, par exemple Dit de Nuremberg, Louange de Bamberg ; 5o des chansons et pièces populaires telles que Le Calendrier paysan, La Chanson du noceur, Souhaits de Noël ; 6o des farces de carnaval, les plus connues étant La Noce du roi d'Angleterre (vers 1440) et Le Turc (1456).

Bien qu'il utilise souvent des thèmes faisant partie du patrimoine commun aux conteurs de l'Occident médiéval, Rosenplüt développe un art certain dans le traitement des thèmes érotiques — le meilleur exemple étant ici son portrait de la nymphomane dans Le Barbier —, et son succès repose aussi sur la critique qu'il fait de son temps. Dans Le Turc, par exemple, il dénonce l'usure, la vente des bénéfices, la corruption de la justice, la morgue de la noblesse, son goût du faste et son indifférence aux misères du peuple. Il élève la facétie au rang d'un genre littéraire et mérite bien d'être rangé aux côtés de Hans Folz et de Hans Sachs. Derrière les écrits de Rosenplüt se dessinent l'émancipation et les aspirations des bourgeois du xve siècle, la conscience qu'ils ont de constituer une force. À l'arrière-plan se profile aussi le rôle des villes libres. Largement ancrée dans la réalité, l'œuvre rosenplütienne reflète assez bien les bouleversements qui marquent l'Allemagne du Sud au bas Moyen Âge.

— Claude LECOUTEUX

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur de langues et littératures allemandes et germaniques à l'université de Caen

Classification