BÜLOW HANS VON (1830-1894)
Hans von Bülow est l'un des rares chefs d'orchestre du xixe siècle dont le nom ait survécu à l'épreuve du temps. Né à Dresde le 8 janvier 1830, il ressent d'abord une attirance limitée pour la musique. Il commence à travailler le piano avec Friedrich Wieck, le beau-père de Schumann, qui lui donne les bases de sa technique fabuleuse. Entre 1841 et 1848, il complète sa formation musicale avec Hesse, Eberwein et Hauptmann. Sa première rencontre avec Wagner date de cette époque et le marque profondément. En 1848, il commence des études de droit, d'abord à Leipzig, puis à Berlin où il collabore au journal démocrate Die Abendpost. Il s'érige en défenseur de la nouvelle école allemande, particulièrement de Wagner et Liszt. En 1850, il assiste à Weimar à la création de Lohengrin et Wagner le fait nommer chef d'orchestre au théâtre de Zurich. Il revient à Weimar travailler avec Liszt avant d'effectuer ses premières tournées de pianiste. En 1855, il est nommé professeur au conservatoire Stern de Berlin où il restera neuf ans, organisant des concerts et écrivant des articles politiques et musicaux. Sa carrière de chef d'orchestre se développe et, en 1857, il épouse Cosima, la seconde fille de Liszt. De 1864 à 1869, il est chef d'orchestre à l'Opéra de Munich où il dirige la création de Tristan et Isolde (1865) et des Maîtres chanteurs de Nuremberg (1868). La fin de son séjour à Munich est aussi la fin de la première partie de sa vie : Cosima le quitte pour épouser Wagner et il ressent cette séparation comme une trahison du musicien auquel il s'est jusqu'à ce jour dévoué corps et âme. Il part dans une longue série de tournées, comme chef d'orchestre et comme pianiste, en Italie, en Russie, en Angleterre, aux États-Unis. En 1877, il se réinstalle en Allemagne : pendant deux ans, il sera Kapellmeister du théâtre de Hanovre puis intendant de la musique du duc de Meiningen (1880-1885). Il fait de son nouvel orchestre une formation modèle et se tourne plus volontiers vers la musique de Brahms. À son départ de Meiningen, il est appelé à Hambourg où il dirige les concerts symphoniques (1886-1893). Il enseigne simultanément aux conservatoires de Francfort et de Berlin et prend la tête de la Philharmonie de Berlin (1887-1893). Il meurt au Caire au cours d'une tournée, le 12 février 1894.
Le nom de Bülow est indissociable de ceux de Liszt et Wagner dont il a contribué à faire connaître la musique, même après son divorce. Son souci du détail contrastait avec les interprétations romantiques plus passionnées que précises de ses confrères et, en ce sens, il a jeté les bases de l'école allemande de direction d'orchestre. Il possédait une mémoire musicale prodigieuse qui lui permettait de jouer et diriger tous les ouvrages par cœur. Dans le domaine pédagogique, il a laissé des éditions de la plupart des grandes pages du répertoire pianistique. Son œuvre de compositeur est moins importante et se ressent de nombreuses influences (Nirvana opus 20 et 4 Charakterstücke opus 23 pour orchestre, Il Carnovale di Milano opus 21 pour piano).
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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