HENZE HANS WERNER (1926-2012)
Hans Werner Henze naît à Gütersloh, en Westphalie, le 1er juillet 1926. Après des études musicales commencées au conservatoire de Braunschweig, interrompues par la guerre, il se forme à Heidelberg sous la direction de Wolfgang Fortner. Il poursuit son cursus avec René Leibowitz à Darmstadt. L’influence du sérialisme qu’il découvre durant les tout premiers « cours d'été internationaux pour la nouvelle musique » transparaîtra dans Apollo et Hyazinthus, improvisations pour clavecin, huit instruments solistes et voix d'alto (1949) d’après Georg Trakl. Henze commence sa carrière en Allemagne en 1949, comme musicien de théâtre à Constance puis à Wiesbaden, avant de se fixer en Italie en 1953.
Le théâtre et toute forme musicale qui s'en rapproche (opéras, y compris opéras dits radiophoniques, cantates, ballets) demeurent au centre de ses préoccupations et de sa recherche. Il n'en est pas moins l'auteur de dix symphonies (composées entre 1947 et 2000), de deux concertos pour piano (1950 et 1967), d'œuvres orchestrales, de musique de chambre et de musique de films (d’Alain Resnais et de Volker Schlöndorff notamment). Mais c'est la musique de théâtre, ou simplement chorale, qui correspond le plus intimement à son authentique besoin de communication avec un large public.
Sa volonté d'engagement en fait une figure parallèle en musique à celle de Bertolt Brecht en poésie ; Henze accepte volontiers et assume ce rapprochement, qui est particulièrement sensible dans l'intention didactique de certaines de ses œuvres : ses Moralitäten (1967) sont conçues comme des Lehrstücken de Brecht. Il partage avec le poète le souci d'exprimer par son œuvre la réalité et les contradictions d'un monde en marche.
Sa musique, toujours intelligente, mue par une recherche constante de l'expression, s'insurge contre tout interdit, refuse tout dogmatisme, emprunte aux diverses écoles et esthétiques : Henze s'éloigne en effet des techniques sérielles dès Quattro poemi pour orchestre (1955) et l'opéra König Hirsch (1956), s'inspire de la vocalité italienne, intègre des éléments de jazz dans le balletUndine (1956)… En dépit de la générosité, de la sincérité et des dons très réels de son auteur, sa musique n'est cependant pas toujours exempte d'une certaine facilité. Qu'il s'agisse de l'opéra (Boulevard Solitude, 1952, inspiré de Manon Lescaut ; Der Prinz von Homburg, 1960, d'après Heinrich von Kleist, révisé en 1991 ; Elegy for Young Lovers, 1961, réorchestré en 1987 ; Wir erreichen den Fluss, 1976 ; Das verratene Meer, 1990 ; Venus and Adonis, 1997 ; L’Upupa und der Triumph der Sohnesliebe, 2003 ; Phaedra, 2007 ; Gisela !, 2010), de ses importantes œuvres chorales (Being Beauteous, 1963, à partir des Illuminations de Rimbaud ; Muzen Siziliens, 1966 ; Das Floss der Medusa, 1968, révisé en 1990) ou de pièces aux proportions plus modestes, comme El Cimarrón (1970), qui allie la voix à la percussion et à la flûte, aucune de ses œuvres ne laisse indifférent. « Je n'ai pas trop de toutes mes forces pour écrire avec simplicité », a déclaré un jour Henze aux étudiants qui l'interrogeaient sur son œuvre. Hans Werner Henze meurt à Dresde, le 27 octobre 2012.
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Écrit par
- Brigitte MASSIN : musicologue, journaliste, critique, écrivain
Classification
Média
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