HANSE
La Hanse toute-puissante (fin du XIVe siècle)
Parvenue alors à son apogée, la Hanse étonne par le « contraste entre l'ampleur de ses réalisations et l'inconsistance de sa structure ». Un agrégat de villes dont aucune n'était pleinement souveraine et dont on ne peut même pas dresser une liste certaine (leur nombre variant selon les critères de 80 à 180), comptant même parmi ses membres un prince, le grand maître de l'ordre Teutonique. Une seule institution régulière, le Hansetag, instance suprême de la communauté, assemblée rarement plénière en fait, siégeant normalement à Lübeck, dont le Conseil de ville assurait la gestion permanente des intérêts hanséatiques. Elle ne jouissait pas d'une personnalité juridique, n'avait pas de sceau, pas de fonctionnaires, pas de finances propres, ne possédait ni flotte ni armée : c'était une puissance, non un État. Mais une puissance capable d'imposer ses décisions à ses membres par la persuasion ou par l'exclusion temporaire et de faire respecter ses privilèges par les États étrangers au moyen d'une diplomatie tenace et habile, de sanctions économiques et, s'il le fallait, de la guerre – celle-ci étant financée par des taxes sur les marchandises qui permettaient d'entretenir des contingents fournis par les membres et d'armer des vaisseaux de guerre.
Bateaux et activité commerciale
Seuls les engins et l'équipage dont ils étaient pourvus distinguaient les vaisseaux de guerre de la Hanse des navires de commerce, les célèbres cogues (Kogge), qui par leurs dimensions (30 mètres de long, 7 de large, 3 de tirant d'eau), par leur rapidité accrue grâce au gouvernail d'étambot, assurèrent aux hanséates leur supériorité maritime dans les mers septentrionales aux xiiie et xive siècles. Ils firent place, au xve, à des bâtiments de dimensions toujours croissantes, les hourques, puis les caravelles. À la fin de ce siècle, la Hanse comptait, abstraction faite de la batellerie côtière et fluviale, un millier de navires, jaugeant 60 000 tonnes, ce qui la rangeait en tête des puissances navales.
Muni d'un pareil instrument de transport, arc-bouté sur les quatre comptoirs de Novgorod, Bergen, Bruges et Londres, le commerce hanséatique consistait dans l'échange de produits entre l'Orient et l'Occident septentrionaux. La base en était, d'une part, le trafic des fourrures et de la cire en provenance de Russie, de Livonie, de Prusse et, de l'autre, celui des draps flamands, puis, au xve siècle, anglais ou hollandais, et celui du sel, le sel gemme de Lünebourg, et surtout le sel des marais français de Bourgneuf et de Brouage. Au tronc Novgorod-Londres s'adjoignent en effet, peu à peu, des branches de plus en plus longues, correspondant au trafic de produits spécifiques : au nord, cuivre et fer de Suède, morue séchée de Norvège, hareng salé de Scanie, draps d'Écosse ; au sud, blés et bois des plaines polonaise et prussienne, minerais de Hongrie, vins du Rhin, puis de la France atlantique et même du Portugal, produits des pays méditerranéens, avec lesquels les hanséates entraient en relations à travers la haute Allemagne ou par l'intermédiaire de Bruges.
Les hommes
Ces échanges, sans cesse diversifiés, étaient le fait d'hommes d'affaires de trois niveaux différents : petits marchands, au rayon d'action limité, s'adonnant notamment au commerce des poissons salés ou séchés ; armateurs et marchands moyens, trafiquant avec un seul pays étranger, écoulant souvent eux-mêmes au détail les produits importés ; grands marchands qui, négociant en gros et à longue distance, usant largement du crédit, étendaient leur activité à de multiples secteurs géographiques et économiques, où les draps de Flandre occupaient une place privilégiée. Aucun d'eux, certes, n'était à la tête de grandes firmes commerciales permanentes, ayant[...]
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Écrit par
- René FEDOU : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Lyon
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Média
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