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HARA SATOSHI (1856-1921)

Homme d'État japonais. Appartenant à une famille de conseillers seigneuriaux du nord du Japon, Hara Satoshi fit tellement bien oublier ses origines nobiliaires par la suite qu'on l'appela « ministre issu du peuple ». Élève de l'École de droit, il interrompit ses études en 1879 pour devenir journaliste. Néanmoins, il rentra dans la fonction publique, occupa divers postes dans les ministères des Affaires agricoles et commerciales et des Affaires étrangères. Il était ministre en Corée, en 1897, lorsqu'il démissionna pour se consacrer de nouveau au journalisme, au journal Mainichi d'Ōsaka. Ayant été remarqué par Itō Hirobumi et Saionji Kimmochi, il fut chargé de former le parti politique Seiyūkai, dont il fut le véritable fondateur. Dès lors, il se lança d'une part dans les affaires comme directeur de banque et chef d'entreprise, et d'autre part se fit élire député, à partir de 1902. Il avait du reste participé au gouvernement dans le quatrième cabinet Itō, en 1900, comme ministre des Postes ; il fut ministre de l'Intérieur dans le premier cabinet Saionji (1906-1908) et de nouveau dans le deuxième cabinet Saionji (1911-1912). Quand celui-ci fut renversé par les intrigues de l'armée, Saionji abandonna la présidence du parti Seiyūkai, et Hara dirigea ce dernier avec beaucoup de prudence pendant la durée du mouvement démocrate parlementariste, appelé « premier mouvement de la défense de la Constitution », de décembre 1912 à février 1913. Ensuite, Hara apporta les suffrages de la Seiyūkai au nouveau cabinet présidé par l'amiral Yamamoto Gonnohyōe (1913-1914), où il détint le portefeuille de l'Intérieur. Devenu officiellement le président de la Seiyūkai depuis le mois de juin 1914, il resta dans l'opposition sous les gouvernements d'Okuma Shigenobu (1914-1916) et du général Terauchi Masatake (1916-1918). Pendant la Première Guerre mondiale, il tenta de limiter l'expansion militaire japonaise en Chine et d'empêcher l'envoi de l'armée en Sibérie. La guerre avait provoqué le repli momentané et partiel de la présence européenne en Extrême-Orient. Le Japon était en mesure de profiter de son avantage sur les marchés internationaux de l'Asie, sans compter les bénéfices qu'il pouvait tirer des commandes lui venant de l'Europe elle-même. De 1914 à 1919, sa production industrielle avait doublé, voire quintuplé, suivant les secteurs. Les grands trusts renforçaient leur concentration, les petits épargnants vivaient dans une atmosphère d'euphorie et une classe de « nouveaux riches de la guerre » faisait son apparition. Mais, dans les usines et sur les chantiers, la main-d'œuvre qualifiée manquait encore ; contrainte aux heures supplémentaires, elle souffrait de surmenage. À côté d'elle se pressait une masse de travailleurs non spécialisés et mal payés. Le nombre total des ouvriers, qui était de l'ordre de 850 000 en 1914, dépassait 1 750 000 en 1919. Dans le même temps, la moyenne des prix avait plus que doublé. Le Japon, où se parachevait la révolution industrielle, découvrait brutalement les problèmes sociaux qui l'accompagnent. La nouvelle de la révolution russe accéléra le regroupement des syndicats, sans toutefois provoquer encore de mouvement politique. Hara observait ces faits, attendant son heure. Lorsque le cabinet Terauchi annonça la décision d'envoyer des troupes en Sibérie le 2 août 1918, le mécontentement fut vif dans l'opinion qui craignait l'extension de la guerre en Asie. Et, dès le lendemain, se déclencha une série de soulèvements appelés « émeutes du riz ». De fait, il y eut au début la manifestation de quelques femmes, dans le département de Toyama, qui protestèrent contre l'acheminement du riz qu'elles transportaient vers le corps expéditionnaire en Sibérie. Mais, par la suite, les émeutes s'étendirent. Dans les campagnes, elles prirent souvent la forme de conflits de métayage ; dans les villes, celle de contestation des baux de location ; et surtout, d'août à septembre, les ouvriers et[...]

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  • JAPON (Le territoire et les hommes) - Histoire

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    Hara Satoshi, président de la Seiyūkai, remplaça le général Terauchi en septembre 1918. La Première Guerre mondiale se terminait : dans les traités de 1919, bien que ses vingt et une demandes aient été rejetées, le Japon recevait largement satisfaction. Les îles de la Micronésie étaient placées sous...
  • SEIYŪKAI

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    Parti politique japonais, dont le nom complet est Rikken Seiyūkai, c'est-à-dire Association constitutionnaliste des amis de la politique (1900-1940). Fondée par Itō Hirobumi, la Seiyūkai est issue des mêmes origines que le Minseitō. Lorsque la tentative d'un gouvernement que soutenait le parti...