HARD-GROUNDS
Les hard-grounds sont des surfaces lithifiées dues à la cimentation précoce du sédiment par des carbonates, des phosphates ou des hydroxydes de fer avant leur enfouissement sous de nouveaux apports sédimentaires. On reconnaît les hard-grounds dans les séries calcaires anciennes, actuellement entièrement indurées, à leurs perforations et à leurs encroûtements qui montrent que le sédiment était cimenté au moins superficiellement : les grains calcaires du sable qui le constituait à l'origine sont tranchés par les organismes lithophages en même temps que le ciment et non pas déplacés comme dans le cas d'organismes fouissant dans un sédiment meuble. La surface durcie offre en outre à certains organismes sessiles le substrat dur qui leur est indispensable : les serpules, certaines huîtres et clams, les bryozoaires et foraminifères encroûtants revêtent cette surface, recouvrant les premières perforations et recoupés par les dernières.
La rapidité de la sédimentation varie avec l'abondance du carbonate en solution dans l'eau. Dans les régions tropicales, elle est extrêmement grande (de quelques mois à quelques années), surtout dans la zone intertidale (grès de plage), si bien qu'on a pensé que les hard-grounds caractérisaient des phases d'émersion de courte durée au cours de la sédimentation marine de plates-formes. Depuis, on a pu reconnaître des fonds durcis à plusieurs centaines de mètres de profondeur. Ils sont balayés par des courants qui empêchent le dépôt de sédiment frais et favorisent la cimentation par le renouvellement de l'eau chargée en carbonates ou en phosphates dissous. Bien entendu, les courants assez violents pour empêcher tout dépôt sont plus fréquents dans la zone néritique.
Cependant, l'absence de sédiment n'implique pas l'absence de vie ; c'est souvent le contraire. Il y a donc mélange de fossiles d'âges différents, sessiles ou mobiles, déposés sur cette surface. La différence d'âge entre les plus anciens et les plus récents permet de déterminer pendant combien de temps a duré l'absence de sédimentation ou plutôt la condensation de la série, puisqu'une épaisse formation peut se réduire localement à quelques centimètres de dépôts coquilliers. Du point de vue stratigraphique, un hard-ground est néanmoins l'équivalent d'une lacune dans la série sédimentaire.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Claude PLAZIAT : docteur en géologie, maître assistant à l'université de Paris-Sud, Orsay
Classification