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BAUR HARRY (1880-1943)

Harry Baur est né, Henri-Marie Rodolphe Baur, le 12 avril 1880 à Montrouge. Il fait ses études secondaires à Marseille où ses parents se sont installés. Bien que poussé par les siens vers une carrière d'officier de la marine marchande, il s'oriente vers le théâtre. Après sa formation et ses débuts dans la cité phocéenne, il « monte » à Paris où, après son service militaire, il se produit, à partir de 1904, sur nombre de scènes : Grand-Guignol, Théâtre Antoine, Théâtre du Palais-Royal et Théâtre de l'Odéon. Il y mène une intense activité jusqu'au début des années 1930, créant des pièces de, entre autres, Tristan Bernard, Francis de Croisset, Sacha Guitry, Yves Mirande et Louis Verneuil, ainsi que de Marcel Pagnol qui lui confie, pour la création de Fanny, le rôle de César en remplacement de Raimu, souffrant. En revanche, son activité cinématographique est limitée. Entre 1908 et 1918, il joue dans une trentaine de bandes, dramatiques ou comiques, signées Michel Carré, Victorin Jasset, Albert Capellani, Henri Desfontaines, Abel Gance ou Jacques de Baroncelli. Dans les années 1920, alors que le cinéma français connaît son âge d'or, il ne tourne que dans un seul film, La Voyante de Léon Abrams et Louis Mercanton, qui restera inachevé.

La carrière cinématographique de Harry Baur commence réellement à l'avènement du sonore et alors qu'il aborde la cinquantaine. Il s'impose d'emblée avec son premier film parlant, David Golder de Julien Duvivier (1930). Il devient ainsi l'une des plus grosses vedettes du cinéma français, l'un des monstres sacrés, avec Raimu, de la décennie. Doté d'un corps massif et lourd, couronné d'une grosse tête, avec un nez fort et des poches sous les yeux, d'une voix grave et puissante, il crée alors des personnages, souvent plus grands que nature et hauts en couleurs, desquels émane un sentiment de force, de puissance, de robustesse, mais qui, monstres ou braves hommes, révèlent souvent des faiblesses. Jusqu'à la guerre, il tourne dans plus de trente films, parmi lesquels Les Cinq Gentlemen maudits (1931), Poil de carotte (1932), La Tête d'un homme (1932), où il incarne le Maigret le plus proche à l'écran du héros imaginé par Simenon, tant en ce qui concerne le physique que le comportement. Suivent Golgotha (1934), Le Golem (1935) et Un carnet de bal (1937), tous de Julien Duvivier, Cette vieille canaille d'Anatole Litvak (1933), Les Misérables de Raymond Bernard (1933), dans lequel il crée un Jean Valjean « hugolien » et demeuré indépassé, Crime et châtiment de Pierre Chenal (1934), Samson de Maurice Tourneur (1935), Un grand amour de Beethoven d'Abel Gance (1936), Mollenard de Robert Siodmak (1937) et L'Homme du Niger de Jacques de Baroncelli (1939).

Au début de l'Occupation, il joue successivement dans Volpone pour Maurice Tourneur (1940), L'Assassinat du Père Noël de Christian-Jaque (1941) et Péchés de jeunesse de Maurice Tourneur (1941). En 1942, il se rend en Allemagne pour y tourner Symphonie eines Leben (Symphonie d'une vie) de Hans Bertram, ce qui est salué par la presse vichyssoise comme un exemple de collaboration. Mais, là, après qu'on a perquisitionné et vandalisé son appartement parisien et interné sa seconde épouse qui est juive, il est arrêté sous l'accusation d'intelligence avec l'ennemi. Après avoir été vraisemblablement torturé, il est libéré quelque temps plus tard, amaigri, affaibli physiquement et moralement. Il meurt le 8 avril 1943.

— Alain GAREL

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma

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