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JAMES HARRY (1916-1983)

Comme Benny Goodman, dans l'orchestre de qui il devint un soliste vedette dès 1937, comme Glenn Miller, Artie Shaw, Jimmy et Tommy Dorsey, le trompettiste Harry James fait partie de ces musiciens blancs dont le nom est indissociable de l'extraordinaire popularité, aux États-Unis et dans le monde entier, du jazz au début des années1940. Virtuose de l'ère swing, il allait poursuivre — après le paroxysme aux allures d'émeute des concerts new-yorkais de 1943 — une carrière où le succès semblait participer de la routine, et cela jusqu'au début des années1950, dans les théâtres et cabarets de Las Vegas et Lake Tahoe.

Né le 15 mars 1916 à Albany (Georgie), Harry Haag James fut plongé d'emblée dans le monde du spectacle — jusqu'à son second prénom, qui faisait référence au Mighty Haag Circus dans lequel son père était chef d'orchestre et sa mère, acrobate. À quatre ans, il fut « le plus jeune contorsionniste du monde » ; deux ans plus tard, il jouait de la batterie dans l'orchestre paternel. En 1924, il commençait d'étudier la trompette. Quelques années plus tard, il dirigeait à son tour un orchestre de cirque. À quinze ans, il est lauréat d'un concours d'orchestres et commence de travailler dans des orchestres itinérants. Après avoir fait partie des orchestres de Joe Gale, Logan Hancock et Herman Waldman, il est engagé en 1935 par le batteur Ben Pollack — qui fut aussi le « découvreur » de Benny Goodman. En 1937, le jeune trompettiste entre dans l'orchestre Goodman, qui comprenait, entre autres solistes prestigieux, le batteur Gene Krupa, le trompettiste Ziggy Elman, le vibraphoniste Lionel Hampton et le pianiste Teddy Wilson. Deux ans plus tard, sur le conseil du clarinettiste-leader, il forme un grand orchestre, dont les débuts sont commercialement catastrophiques.

À la fin de 1941, le chef d'orchestre débutant consent à quelques aménagements et atténue les stridences et martèlements de sa formation par une importante section de cordes. Quelques semaines plus tard, il triomphe avec une version orchestrale d'une chanson célèbre d'Al Jolson, You Made Me Love You, qui s'impose parmi les meilleures ventes de disques. Son succès sera contemporain de la mode adolescente du jitterbug, à la fois style de danse et tenue vestimentaire. Vedette du film Le Bal des sirènes, il participera à The Benny Goodman Story en 1956, et, en 1961, à The Ladies' Man de Jerry Lewis, sans compter tous les courts métrages et documentaires musicaux auxquels il fut associé pendant une vingtaine d'années. Il meurt à Las Vegas le 5 juillet 1983.

Harry James et Kirk Douglas - crédits : Keystone/ Getty Images

Harry James et Kirk Douglas

Si, pour le grand public qui fit sa fortune, son nom est indissociable de mélodies populaires comme Ciribiribin, Le Vol du bourdon ou Le Carnaval de Venise, qui furent autant de tremplins ou d'écrins pour sa virtuosité acrobatique, on ne saurait oublier qu'il fut d'abord un remarquable trompettiste de jazz, au style formé sous la double influence de Louis Armstrong et de Harry Edison. Outre le brio, la vélocité, ce sont la qualité de son vibrato, les nuances de sa sonorité, le lyrisme de ses improvisations qu'il conviendrait de souligner. Travail de soliste à quoi il faut ajouter l'excellence des grands orchestres qu'il dirigeait, mêlant dans son répertoire d'inévitables morceaux de bravoure à des arrangements de jazz dignes d'un Count Basie, souvent dus, d'ailleurs, à des orchestrateurs réputés. Parmi les chanteurs qui firent partie de son orchestre, on peut citer Dick Haymes, Helen Forrest et Frank Sinatra.

— Philippe CARLES

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Écrit par

  • : éditorialiste à Jazz Magazine, ancien rédacteur en chef de Jazz Magazine

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Média

Harry James et Kirk Douglas - crédits : Keystone/ Getty Images

Harry James et Kirk Douglas

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