PEKAR HARVEY (1939-2010)
Scénariste de bande dessinée américain, Harvey Pekar relate les menus faits de sa vie à Cleveland – le caractère fastidieux de son travail d'archiviste (1965-2001) dans un hôpital pour anciens combattants, ses malheurs en amour ainsi que ses problèmes de santé – dans la longue série autobiographique American Splendor : From off the street of Cleveland. À l'instar d'Anton Tchekhov et d'Henry Miller, il élève ainsi la banalité au rang d'art, tandis que son succès auprès de la critique contribue à accroître la crédibilité littéraire du roman graphique en tant que médium.
Harvey Lawrence Pekar naît en 1939 à Cleveland, dans une famille d'émigrés juifs qui possède une petite épicerie. Après avoir occupé divers emplois mal payés, il s'enrôle dans la marine mais est réformé quand il échoue aux examens de routine. Tandis qu'il travaille comme archiviste, Pekar se pique d'intérêt pour l'écriture, en particulier dans le domaine du jazz, et signe régulièrement des articles pour divers magazines américains et britanniques. En 1962, sa passion pour cette musique, qu'il partage avec l'artiste Robert Crumb, fait naître une véritable amitié entre les deux hommes. Ce dernier l'encourage à explorer les comics comme outil narratif. Au fil de la décennie qui suit, Pekar, dont les talents artistiques se révèlent quelque peu limités, esquisse ainsi plusieurs récits. Crumb illustre l'un d'entre eux pour un numéro du magazine The People's Comics en 1972, et bientôt d'autres dessinateurs (Gary Dumm, Gregory Budgett, Alan Moore, Dean Haspiel, Spain Rodriguez, Joe Sacco, Kevin Brown...) sont engagés pour mettre en image les histoires que Pekar raconte sur sa ville natale et ses habitants. Le premier volume d'American Splendor, paru en 1976, fait de nombreux adeptes sur la scène underground de la bande dessinée américaine, qui apprécie ce portrait d'employé de bureau intellectuel et dépressif, en rébellion contre l'absurdité de la société. Le dernier numéro de cette revue, qui connaît une parution irrégulière, date de 2008. Pekar se forge une petite célébrité en tant qu'invité régulier de débats télévisés, puis avec l'adaptation par Shari Springer Berman et Robert Pulcini d'American Splendor au cinéma en 2003. Le film, dans lequel Paul Giamatti incarne l'auteur, est émaillé de prises de vues documentaires montrant Pekar en personne, ainsi que de séquences animées tirées des comics originaux. Applaudie par la critique, l'œuvre reçoit une nomination pour l'oscar de la meilleure adaptation.
En 1994, il a publié en collaboration avec son épouse Joyce Brabner Our Cancer Year (illustré par Frank Stack), une autobiographie au quotidien d'un malade. Harvey Pekar meurt en à Cleveland Heights, dans l'Ohio.
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Écrit par
- Michael RAY : auteur
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