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BAṢRĪ ḤASAN AL- (642-728)

Célèbre prédicateur musulman, né à Médine, mort à Baṣra, dont l'influence sur la formation de la pensée théologique et mystique aux débuts de l'Islam a été importante.

Les maximes et aphorismes de Ḥasan al-Baṣrī ont été souvent cités. En voici quelques exemples : « La langue de l'homme sensé est par-derrière son cœur ; quand il veut parler, il réfléchit ; si c'est une chose en sa faveur, il la dit ; sinon il se tait. Mais le cœur de l'ignorant est par-derrière sa langue ; si le besoin de parler le tourmente, il parle, que ce soit en sa faveur ou à son désavantage. » Ḥasan appréciait dans l'homme trois qualités : être dévot (‘abīd), être sensé (‘āqil), être savant (‘ālim). « Certains sont dévots, mais ne sont ni sensés ni savants ; certains sont dévots et sensés, mais non savants. » À un homme qui disait : « J'abandonne mon droit pour Dieu et en considération de votre honneur », il faisait remarquer qu'il ne devait pas dire : « ... et en considération de votre honneur », mais : « ... pour Dieu et ensuite en considération de votre honneur ». Quelqu'un disait avoir horreur de la mort. Ḥasan lui répliqua : « C'est que tu restes en arrière de ce qui t'est destiné ; si tu allais de l'avant, ce serait avec joie que tu le rejoindrais. » Il disait encore : « Tu mourras seul ; seul tu entreras dans la tombe ; seul tu ressusciteras ; seul tu feras tes comptes avec Dieu. »

Il développa des idées ascétiques de détachement à l'égard de la fortune et du pouvoir. Il n'hésita pas à critiquer des hommes en place et des puissants, sans pour autant approuver les révoltes et la violence. D'un point de vue moral et religieux, il considère que les hommes qui font le mal ont la pleine responsabilité de leurs actes, que l'homme qui prétend avoir la foi et qui reste attaché à ce monde est un hypocrite (munāfiq).

Presque tous les écrits de Ḥasan sont perdus, sauf quelques épîtres. Il aurait fait un commentaire du Coran. Les commentateurs, en tout cas, le citent. Bien qu'il ait été critiqué en tant que traditionaliste, il jouit néanmoins d'un grand prestige en Islam, tant auprès des sunnites qu'auprès des mu‘tazilites. On voit également en lui un promoteur du soufisme.

— Roger ARNALDEZ

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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