HASDRUBAL LE BEAU (env. 270-env. 221 av. J.-C.)
Général carthaginois. Gendre d'Hamilcar Barca, Hasdrubal (ou Asdrubal) avait lié sa fortune à celle de son illustre beau-père. Lorsque celui-ci se noya dans les eaux du Júcar en crue en ~ 229, Hannibal était trop jeune pour succéder à son père et Hasdrubal, commandant en chef de l'armée d'Espagne, fut élu ; en sa qualité d'amiral, il était le second personnage de l'État espagnol. Le peuple de Carthage ratifia ce choix. Le tempérament d'Hasdrubal le portait plutôt vers la politique que vers la guerre ; il s'appliqua donc à organiser le nouvel État et à accentuer le caractère monarchique. Non content de l'élection militaire qui l'avait porté au pouvoir, Hasdrubal convoqua un congrès des principaux chefs ibères et réussit à se faire nommer commandant en chef de toute la nation. Il fonda alors une nouvelle capitale, Carthage (Carthagène). Influencé par le modèle hellénistique, il se comporta comme un roi, élevant un palais dans la nouvelle ville, recevant un tribut des princes indigènes. En ~ 226, le Sénat romain, alerté par les Grecs d'Emporion, s'émut de la puissance d'Hasdrubal et adressa à Carthagène un ultimatum, en même temps qu'il concluait un traité avec Sagonte, la plus évoluée des villes ibères ; ce traité, négocié par le parti aristocratique au pouvoir dans le port espagnol, fut attaqué par la faction populaire, mais les Romains firent sauvagement exécuter les chefs des opposants et Hasdrubal dut accepter les conditions du Sénat. Il conclut un traité avec Rome, par lequel il s'engageait à ne pas franchir l'Èbre. Il n'en poursuivit pas moins sa politique et continua à nouer des relations avec les princes ibères d'au-delà du Júcar ; ses agents aidèrent Indibilis à fédérer les tribus de Catalogne et Édecon à réunir sous son sceptre celles d'Aragón. Son but était d'isoler les amis de Rome bloqués dans leurs villes côtières par les tribus hostiles. C'est alors qu'un Celte, qui avait juré de ne pas survivre à son seigneur crucifié naguère par ordre d'Hasdrubal, poignarda le monarque carthaginois.
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Écrit par
- Gilbert-Charles PICARD : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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